vendredi 28 janvier 2011

La Chine, immersion


Hier soir.

Vu La couleur du mensonge tiré du roman de Philip Roth, La tache.

"Avec La tache, qui débute en pleine affaire Lewinsky, Philip Roth dresse une satire féroce des moeurs américaines. Un roman ébouriffant. Il n'y a que deux sortes de lecteurs de Philip Roth: ceux qui l'adorent et ceux qui ne l'ont pas lu. La Tache est un roman qui ravira les premiers et ouvrira aux seconds les portes de la littérature. Philip Roth confirme ce que l'on supposait: il est un écrivain hors norme, plus puissant, plus libre, plus proche de la vie à chacun de ses livres." L’Express, 2002.

Pas déçue et Anthony Hopkins était à la hauteur du rôle et complètement crédible en sexagénaire amoureux d’une jeune femme, Nicole Kidman, troublante. Pas repoussant DU TOUT le sexagénaire, je le redis : " pieds et poings liés"…
J’avais eu un peu de mal à lire le livre, beaucoup de personnages, de sujets importants (le racisme, la sexualité de l’homme vieillissant) mais en voyant le film je me le suis remémorée et j’ai aimé l’interprétation de tous les acteurs.
J’aime beaucoup les romans de Philip Roth et je me sens proche de ses questionnements existentiels.

J’ai poursuivi ma soirée avec La pensée chinoise. J’y arrive, tout doucement, à lire cet ouvrage (je zappe quelques chapitres pour y revenir plus tard) même si je ne sais toujours pas le bénéfice que j’en tirerai.

"Le Taö, dont on peut dire qu’il est à la fois Nature et Raison ([…]), est un principe d’universelle intelligibilité. La formule "vomis ton intelligence" n’exprime pas le mépris de l’activité de l’esprit, mais, simplement, le dédain de la science discursive, des jeux de la dialectique, de toute espèce de réalisme abstrait.
Les Maîtres taoïstes ne font aucune difficulté pour utiliser (ni d’ailleurs, semble-t-il aucun effort pour perfectionner) le système de classifications dont leurs contemporains se servent pour ordonner la pensée. Ils admettent que le vulgaire est dominé par 6 Appétits (ceux des honneurs et des richesses, des distinctions et du prestige, de la renommée et de la Fortune), 6 Entraves (celles qu’imposent le maintien et le comportement, la sensualité et le raisonnement, le tempérament et la réflexion), 6 (Sentiments qui font) obstacle au Taö (haine et désir, joie et colère, peine et plaisir), 6 (Attitudes qui font) obstacle au Taö (celles qui consistent à éviter ou à aller au-devant, à prendre ou à donner, à acquérir des connaissances ou à exercer des talents) : il faut réprimer ces 24 dispositions pour obtenir la rectitude et la quiétude, l’illumination et la vacuité. Il faut encore, sous peine de "perdre l’essence qui vous est propre (sing)," éviter les 5 perversions qui résultent d’un usage civilisé des sens : peinture, musique, parfums, cuisine, prédilections du cœur corrompent la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le jugement. En lui-même, déjà, l’usage naturel des sens peut être pernicieux, si l’on ne s’applique à défendre, contre la multiplicité des apparences, la simplicité originelle (p’ou) de l’être. La vision, l’audition, l’odorat, le goût, la connaissance ne méritent d’être qualifiés de tche (qui pénètre tout, qui s’étend à tout) que si aucun objet particulier ne les arrête.
[…]
"Le véritable sage entend avec ses yeux et voit avec ses oreilles". Ce n’est pas qu’il ait, déjà, trouvé le secret de l’audition paracoustique ou de la vision paroptique. […] Il sait seulement "unir son corps à son cœur, son cœur à son k’i (souffle), son k’i à son chen (puissance vitale) et le tout au wou (c’est-à-dire non pas au "néant", mais au Total indéterminé…).
[…]
Toute sensation partielle est épuisante et corruptrice. […] Il (en bon taoïste) se garde de vouloir connaître par le détail : "Vivre a des bornes et il n’y a point de bornes au connaître ! C’est un péril pour ce qui est limité de poursuivre ce qui ne l’est pas !" Nul, dans l’ancienne Chine, n’ignore que toute image résulte d’un contact…"


Marcel Granet, in La pensée chinoise. Pages 434-435.

Je crains vraiment de n’arriver jamais à "réprimer les 24 dispositions pour obtenir la rectitude et la quiétude, l'illumination et la vacuité". Je ne suis pas prête pour une béatification.

Après avoir refermé mon livre, avant d’éteindre la lumière pour dormir, j’ai allumé la radio et je suis tombée sur l’émission d’Alain Veinstein ! Incroyable, il recevait le sinologue Jean Lévi pour parler de son essai, La Chine est un cheval et l’Univers une idée. Quelques réflexions sur Robert Musil qui a inspiré l’auteur, méditation sur le langage, des citations de Tchouang Tseu… et me voilà bercée par cet entretien, qui m’a tenue éveillée au lieu de m’assoupir :

"La Chine est un cheval et l'univers une idée " est une citation de Zhuangzi (350-275 av.J.-C.) dans laquelle il tourne en ridicule les paradoxes sophistes, et en particulier le plus célèbre d'entre eux, le fameux "un cheval blanc n'est pas un cheval " de Gongsun Long. À travers le pastiche de l'argumentation sophiste, c'est le langage humain en tant que tel que le philosophe entend disqualifier. Tout jugement, dans la mesure où il est jugement, est l'expression d'une subjectivité qui opère un découpage arbitraire dans le réel".

Beaucoup de mal à m'endormir ensuite!

Ce vendredi matin.

Je vous le donne en mille - non je n'ai pas rêvé de Pégase.
Je me lève, tardivement, j’allume la radio toujours branchée sur France Culture et, quentends-je (je me demande si je suis bien réveillée)? :
Le journaliste lit un poème chinois (traduit), de l’époque Han, tiré d’un livre de Jean-Pierre Dieny, paru aux éditions Les Belles Lettres : Les dix-neuf poèmes anciens.

Un réveil en douceur ! Epatant.

Maintenant je n’ai plus qu’à regarder Le plateau tibétain, enregistré ce matin de cette série magnifique La Chine Sauvage, et l’immersion sera totale. Une inquiétude soudain, ou plutôt un rêve : mes yeux ne sont-ils pas en train de se "brider", mes cheveux se raidir (enfin !). Un coup d’œil dans le miroir : non, pas de "brides" mais que des rides. Pfff ! Pourtant il ne serait pas impossible que j’eusse les yeux bridés avec mes origines (arrière arrière grand'mère). Non non pas mongoles, mais bigoudènes !




Tibétaines, capture d'écran du Plateau Tibétain

Mythe :
"Selon certains ethnologistes du XIXe les bigoudens auraient été les descendants des aborigènes occupant la Bretagne avant les premières invasions celtes, selon d'autres, se basant sur des "ressemblances physiologiques" (pommettes hautes des bigoudenes, yeux légèrement bridés, etc.), les Bigoudens descendraient d'une tribu mongole. Il n'en est absolument rien, une vaste étude menée à partir de 1983 par le professeur Youinou, généticien et immunologue de l'INSERM, a montré que la population bigoudène n'a absolument aucune parenté avec les populations asiatiques, et qu'au contraire elle avait plus d'affinités génétiques avec les populations des pays celtiques insulaires que la moyenne de la population finistérienne." Wikipédia.


Bon, tant pis, mais ma chère tante avait néanmoins les yeux bridés des mongoles.

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Tsss! Sont fous... Je ris, je pense à toi, combien de fois m'as-tu dit : tu devrais écrire des romans.
Impossible, la fiction c'est trop dur, j'ai un sacré imaginaire mais aucune imagination, seul mon Je m'inspire quelques mots et maux...