mercredi 29 février 2012

Rêverie

J'ai un Mondrian dans mon salon!

Composition avec rouge et jaune by myself (0_0), 2012.


Bon, d'accord, ça n'a rien à voir avec (un) Piet!


Composition avec rouge, jaune et bleu, Piet Mondrian, 1921.




Reconstitution de l’atelier de Mondrian, 26, rue du Départ, Paris - Situation en 1926
Crédit photo ici.



à la Tate Liverpool (cf. Artsy)


Mais, j'ai le droit de rêver! Il fait si beau aujourd'hui.



mardi 28 février 2012

Cauchemar

On frappait à ma porte, c'était tôt le matin, en t-shirt j'ouvre; c'était mon voisin, il me dit :
- On vient vous faire une livraison.
Je trouvais bizarre que ce soit lui qui me prévienne.
- Ok merci,  j'enfile ma robe de chambre. Je referme ma porte.
Puis je l'ouvre : tu étais là maman, tu avais une minerve, tu étais là, vivante, tu avais la coiffure que j'avais à 30 ans, tu avais les cheveux bruns et moi j'ai des cheveux gris.
J'ai dit : maman! tu... tu n'es pas morte? je n'osais pas t'approcher et je me suis mise à trembler, j'allais m'évanouir. Je me suis réveillée dans un cri. J'ai regardé l'heure : 7 h 25.
Ce matin, je venais de faire le cauchemar le plus terrible de ma vie. Tu ne pouvais être plus vivante.
Mon voisin venait de se lever, j'entendais ses pas.

lundi 27 février 2012

Journal

Lundi 27 février.
22 h.

C'est idiot je le sais de penser à lui tout le temps. Si je n'ai pas quelqu'un à qui penser j'ai l'impression de vivre pour rien. Penser à lui donne un sens à mes journées.
En ce moment je suis assez perturbée par ce carcinome qu'on m'a retiré. Ai-je bien fait de dire que je préférai les visites de contrôle tous les six mois plutôt qu'une extension d'exérèse? Le dermato m'a laissé le choix me disant qu'il n'y avait pas d'obligation ni de risque majeur sinon celui d'une réapparition (0_0).
Je le revois fin juin, je verrai à ce moment-là si il faut reprogrammer un intervention en septembre ou octobre. J'avais envie de passer le printemps et l'été tranquillement même si je n'ai plus le droit de m'exposer au soleil. Il faut deux mois de cicatrisation, c'est pénible, j'espère malgré tout ne pas avoir à recommencer.
C'est dit, je ne veux plus en parler.
On va me retirer les fils demain.

Et lui, lui qui prend le temps chaque jour, de m'écrire. Bientôt il va s'exiler définitivement en Chine; ce ne seront plus 1200 km qui nous sépareront mais dix fois plus. de Paris à Shanghai il y a 10158 km, on peut rajouter 485 km pour Quimper! Mais qu'importe tous ces milliers de kilomètres puisque de toute façon même en faisant 1200 km l'année dernière je n'ai pas pu le voir. J'ai cru mourir de chagrin, je lui en ai voulu. Heureusement je n'avais pas fait ce voyage que pour le rencontrer, c'était mon voyage annuel, mon merveilleux voyage, pour revoir mon lac aimé, le Léman. Mais depuis j'ai tout oublié et aujourd'hui je ne suis vraiment plus amoureuse de lui. On ne peut pas aimer longtemps quelqu'un qui ne partage rien de concret, de réel avec vous. Je m’accommode de son "indifférence" d'ailleurs je ne sais pas si c'est de l'indifférence, c'est plutôt de la réserve qu'il a à mon égard. Il sait aussi qu'avec moi il ne faut pas être trop bon parce qu'alors je craque, je m'épanche, que je pourrais prendre la bonté pour de la tendresse et bientôt pour de l'amour. Avec moi, il faut rester sur ses gardes.

dimanche 26 février 2012

***

Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
(Le Lac, Alphonse de Lamartine, extrait)

Photos d'un dimanche printanier à Bénodet
 




samedi 25 février 2012

J'aurais pu danser le Tango

Mais pourquoi suis-je entrée dans ce salon de thé ? J’avais entendu dire que c’était le must des salons de thé, « le temple de la gourmandise où l’élégance et la qualité sont synonymes d’harmonie ». Je me disais en y pénétrant que j’allais peut-être retrouver l’ambiance de Chez Angelina ? en sachant que de toute façon, ils n’auraient pas de Mont Blanc, ni les merveilleux scones du Tea Caddy. Mais ne jouons pas les difficiles, entrons. Je me devais d’accompagner mon thé d’une pâtisserie ; les gâteaux ne me disaient rien, je n’avais pas faim, j’ai donc choisi trois minis macarons et je suis allée m’installer dans le salon, au fond de la pâtisserie. Il y régnait un silence assourdissant, seuls quelques bruits de cuillères ou de fourchettes qui cessèrent à mon arrivée. Je dus m’installer au milieu du salon, toutes les tables près des murs étaient occupées. Les clientes – des habituées m’avait-on dit, mais on ne m’avait pas précisé leur âge – s’arrêtèrent de siroter leur thé ou leur chocolat et me regardèrent comme si un ovni venait d’atterrir d’une autre planète sur la leur. Moyenne d’âge : chut ! pas de discrimination, ça me tombera dessus un jour si je vis jusque là. Ces dames ne conversaient pas entre elles, peut-être y passaient-elles l’après-midi pour tuer le temps ? J’aime assez les endroits désuets, d’un autre temps, quand il y règne un peu de vie ; cela existe. Mais là tout sentait le renfermé, les tables juponnées de chintz à fleurs de style anglais, recouvertes d’un plateau en verre, étaient défraîchies, la moquette n’en parlons pas, l'assise de ma chaise était défoncée;  mais c’est l’atmosphère qui était mortelle, déprimante. Mon thé est arrivé dans une théière lilliputienne en inox, on ne m’a pas demandé quel thé je souhaitais, pour un salon de thé « de qualité » encore un mauvais point. Oui, j’étais bien loin de Angelina et du Tea Caddy mon préféré. J’ai sorti un journal de mon sac, je venais de le piocher dans un présentoir à la médiathèque. Les mamies avaient l’air étonnées de me voir lire dans ce lieu réservé à la dégustation de gourmandises à l’heure du thé.

Je lisais un article intitulé : « Accès à Internet, Quimper connection : même si ce n’est pas Paris et ses 400 point d’accès Wi-Fi gratuits, nombreux sont les lieux où il est facile de se connecter ». Je tourne les pages et je lis : « Gérard Nonette le barbier qui sévit », le retour du rasage à l’ancienne, (je riais dans ma barbe) puis Roméo et Juliette au théâtre, metteur en scène Olivier Py, plus loin on parlait de mon quartier : " Enfin un horizon. Depuis presque 40 ans, le quartier de ** va de projet en projet sans que quoi que ce soit n'aboutisse. Cette fois, Bernard Poignant, maire de Quimper en est sûr : "On voit le bout du tunnel" et je terminais sur un article : « Le dernier tango à Quimper » dont je venais de voir l’exposition à la médiathèque.

En tout cas, ce n’est pas ici qu’on va danser le tango. J’ai bu mon thé et avalé rapidement mes trois macarons, j’ai refermé le journal et je suis partie en faisant un petit signe de la tête et un sourire aux vieilles dames qui n'avaient cessé de m’observer. Dehors, j’avais envie de pousser un cri libérateur, je m’abstins, je me trouvais alerte, j’avais l’intention de prendre le bus et je suis rentrée d’un pas léger, à pied. J’aurais pu danser le tango!




 Le long des quais l'air était doux, je me disais en arrivant près de la passerelle  que cette ville était jolie, que je n'avais pas le droit d'être triste, que je devais continuer de sortir de chez moi, qu'il était temps que je projette une escapade, pas seulement dans ma tête.  Il fallait que je retrouve de l'énergie. Je me sentais si seule. Impossible de danser le tango!

Quelques photos de l’exposition : Tango, Tangages







Et maintenant, je vais regarder le Pape de la Pop sur Arte : Andy Warhol.
Annonce de la chaîne: " Regardez Arte, pour une nuit qui agite le bocal"!!!

vendredi 24 février 2012

***

"Le cinéma nous plonge dans des souvenirs que nous avions cru vaincre et qui reviennent".

C'est ce qui m'est arrivé en revoyant Jules et Jim l'autre jour. J'étais submergée par l'émotion et ne pouvais retenir mes larmes. Je ne savais plus si c'était le film, son histoire, leur histoire ou la mienne et ma vie (qui n'a pourtant rien à voir) qui provoquaient mes sanglots.





Ces pensées me sont inspirées par le thème d'un livre de Olivia Rosenthal.

"Elle fait le portrait de douze femmes et hommes à travers leur film fétiche. Il ne s'agit pas de critères esthétiques mais de battements de coeur. Quel film a chamboulé votre vie? Elle interroge ainsi le rapport inconscient et immédiat au 7e art. On ne devrait peut-être pas aimer, peu importe, on aime à bras ouverts. Ça se joue quelque part dans le corps, on ne sait pas trop où, mais pas forcément dans la tête. Chacun des films évoqués a eu un impact plus ou moins grand dans la vie de ces hommes et femmes questionnés."
(Source JDD, Marie-Laure Delorme)

Ils ne sont pour rien dans mes larmes, Olivia Rosenthal, éditions Verticales.
(En librairie le 1er mars)

jeudi 23 février 2012

Yeah!

Barack Obama chante le blues!

"Il a fallu toute la force de persuasion de Mick Jagger pour convaincre hier soir le président des Etats-Unis Barack Obama de reprendre le micro et chanter un standard du blues, un mois après avoir fait sensation en entonnant un tube "soul". "Pas ce soir!", a protesté M. Obama, alors que le chanteur des Rolling Stones ainsi que les guitaristes B.B. King et Buddy Guy l'invitaient à les rejoindre sur scène pour chanter le refrain de la chanson "Sweet Home Chicago" du bluesman Robert Johnson. "Vous pouvez le faire", s'est écrié l'un des musiciens.


Barack Obama a fini par céder et s'est emparé du micro qu'on lui tendait pour chanter en choeur "Come on, baby don't you want to go... Sweet home, Chicago", morceau qui célèbre son ancien fief politique de l'Illinois (nord). Il s'est toutefois gardé de monter sur scène."

(Source Le Figaro, suite ici).

Vous avez dit charisme? Yes!

mercredi 22 février 2012

Parlez-moi de moi

Là, où le Moi blesse, Pascal!

"Qu’est-ce que le moi ?

Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants ; si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ? Non ; car il ne pense pas à moi en particulier ; mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.

Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on? moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.

Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées."

Blaise Pascal, Pensées 688.

"Si notre moi d’après Pascal et le christianisme est toujours haïssable, comment pourrions-nous permettre et accepter que d’autres l’aiment ? Qu’il soit Dieu ou homme, il serait contraire à toute bienséance de se laisser aimer en sachant parfaitement qu’on ne mérite que la haine, sans même parler d’autre sentiment de répulsion. Mais c’est précisément le règne de la grâce. Ainsi, votre amour du prochain est une grâce ? votre pitié une grâce ? Bon, si cela vous est possible faites encore un pas de plus. Aimez-vous vous-même par grâce ? Dès lors vous n’avez plus besoin de votre Dieu, et tout le drame de la chute et de la rédemption se joue intégralement en vous-même."

Nietzsche, Aurore, paragraphe 79.

« Il y a trois auteurs dont je porte le sang dans mes veines : celui de Montaigne, celui de Pascal, celui de Goethe ».
Nietzsche.

Dans un autre texte Pascal dit que « l’amour de soi est un devoir ». La pensée du moi serait liée à celle de l’amour. Mais comment le christianisme peut demander à chacun d’aimer son prochain alors que le moi est haïssable ? Comment peut régner la grâce ?

J’écoutais cette émission ce matin, les cheveux enrubannés dans une serviette éponge après avoir pris mon shampoing, puis en me regardant dans le miroir,  l’éclair a surgi : je comprenais enfin pourquoi je ne m'aimais plus. Je me suis pourtant toujours aimée, je disais souvent en riant : mais je m'aime moi! C'était comme une bravade, au cours de conversations, quand d'autres à ce moment-là venaient de me dire : je ne m'aime pas. Aujourd'hui, je suis ces autres, je ne m'aime plus. Je ne peux plus me regarder dans un miroir.
Allez ma vieille, "faut que tu t'aimes" me suis-je dit à voix haute! C’est une trouvaille, une grande nouvelle : merci Pascal! Mais, celle que je vois dans le miroir, est-ce vraiment moi? Non, j'en suis à peu près sûre.

Toute la semaine est consacré au moi : Le Moi dans tous ses états.
Hier, Elizabeth Roudinesco parlait de : Narcisse et les excès du Moi. J'ai relevé cette phrase (à réécouter dans son contexte) :
"Beaucoup de psychanalystes et même de psychiatres souffrent des mêmes symptômes que leurs patients".
Lundi, l'émission la plus passionnante (pour moi et moi:)) fut : Je peins, donc je suis? Les autoportraits de Rembrandt.


***

Quand les mots, les images et la musique se rejoignent, ça donne ça et c'est magnifique.

mardi 21 février 2012

Journal intime

23 h 30.
J'ai rêvé de lui la nuit dernière. C'était étrange. Il était venu avec sa compagne me voir. J'étais allée les chercher à l'aéroport, ils arrivaient de Chine. Au moment où je leur faisais signe pour leur dire "je suis là", je me suis réveillée.

J'ai été triste toute la journée aujourd'hui, d'une mélancolie inquiétante. Il y a longtemps que je ne me suis pas sentie sombrer comme ça.

Je lui ai écrit : "J’ai pas le moral, vous ne voulez pas me faire sourire (=_=) ? " Je lui écrivais cela alors que j'aurais aimé lui dire : "J'ai pas le moral, vous ne voulez pas me prendre dans vos bras (+_+)?"
Il m'a répondu aussitôt avec une photo d'un aïeul qui m'a fait rire.
Ce que j'aime en lui c'est qu'il me répond toujours, il ne se défile pas, même si je l'ennuie; peut-être que je l'ennuie.
C'est mon ami, mon confident, je lui dis presque tout. J'adore quand il remet les pendules à l'heure en me rappelant qu'il a une femme qu'il aime. Je le trouve délicieux.








lundi 20 février 2012

C'est quoi ces notes


Je disais donc que samedi matin j’écoutais Répliques dont le sujet était : La nostalgie de la politesse.

Le témoignage de Cécile Ernst, invitée à l’émission, m’a laissé pantoise. Est-ce à ce point-là me disais-je en l’écoutant. Cécile Ernst est enseignante en banlieue parisienne, diplômée de Sciences-Po et agrégée de sciences économiques.

La politesse c’est un art de la vie en société, c’est ce qui fait lien entre les gens. Le respect est la valeur fondamentale de la politesse.
Nous ne nous comprenons plus entre groupes sociaux parce que nous n’avons plus de langage commun.

"Pour moi la civilité c’est un langage commun. La civilité est considérée comme les bonnes manières à l’égard d’autrui, alors que le savoir-vivre est utilisé comme pratique et connaissance du savoir du monde, sous entendu le beau monde comme on disait au XIXe siècle, celui des élites. J’ai essayé de faire la distinction entre les codes sociaux qui relèvent d’une volonté de se distinguer.
[...]
En tant qu’enseignants, nous ne pouvons même plus lutter contre la mode etc. parce que si je dis à une jeune fille : ta tenue c’est vraiment pas possible, elle est beaucoup trop provocante etc., et que vous convoquez les parents pour discuter, je n’ai aucun pouvoir de la convaincre car la mère est habillée de la même façon. Nous ne savons plus, nous en tant qu’enseignants, ce que nous sommes sensés transmettre."

Les incivilités des élèves sont effrayantes.
Voici ce qu’elle écrit, ça se passe dans un lycée de banlieue chic de l’ouest parisien, privilégié donc, avec une population issue des classes moyennes et supérieures, précisant que dans certaines banlieues plus défavorisées, avec une population d'immigrés, la politesse y est parfois plus respectée, avec des élèves désireux d’apprendre. Texte lu par Alain Finkielkraut :

« Ambiance nettement plus policée dans les couloirs mais pas tant que ça dans les salles de classe. Bavardage, agitation et manque total de travail sont la norme dans la majorité des classes et les élèves de seconde rivalisent d’imagination pour rendre fou leur professeur : concours de rots et de pets dans mon dos pour les garçons, séance de maquillage pour les filles qui agitent sous mon nez leur mascara et leur poudrier, ulcérées quand je les supprime. »

Cécile Ernst insiste pour dire que ces incivilités se répandent dans tous les milieux, autant dans les populations privilégiées, ils n’ont plus aucun respect d’autrui.

« Le non respect vis-à-vis d’autrui va de pair avec un refus, un rejet de la culture et du savoir. Pour eux, ça ne vaut rien. J’ai l’habitude de dire que si les enseignants pouvaient rouler en Porsche et s’habiller en Prada, nous aurions beaucoup plus d’autorité. Nous en sommes là. La seule chose qui leur importe c’est la richesse, ça n’est pas la culture et le savoir. Ça nous décrédibilise nous aussi dans ce sens-là.
L’analyse que je fais repose sur deux piliers : cultiver ses manières et cultiver son esprit, or ce qui est remis en cause ce sont les deux. On a un mal fou à faire comprendre à nos élèves que quand il faut faire une recherche documentaire, il ne s’agit pas seulement de taper sur Google et tomber sur n’importe quoi ; ils ne hiérarchisent aucune information qu’ils trouvent sur Internet, ils peuvent raconter n’importe quoi dans leurs devoirs, ils ne comprennent même plus pourquoi nous, nous sommes horrifiés. On essaie de leur expliquer que l’étude d’un chercheur de l’Ined est certainement plus objective et plus scientifique que le blog de Kevin, mais ils ne le comprennent pas. »


Maintenant, faisons la part des choses et espérons qu'il existe des enseignants heureux!



dimanche 19 février 2012

A demain la Mer, dans tes bras

Délicieuse, tonique, vivifiante, salvatrice, vitale, solitaire...ma balade dominicale à Pors Poulhan.

"Petite crique devenue port il y a 100 ans, Pors-Poulhan marque le partage des eaux entre Cap Sizun et Pays bigouden.
Sur la rive sud de Pors-Poulhan, la statue de la Bigoudène de René Quillivic scrute la mer. Le sculpteur est enfant du pays. Sur la rive nord, un amer blanc et rouge marque l'entrée du port, resserré par un goulet de roches prolongées de deux digues. C'est à l'abri de ces deux contreforts que se réfugie une flottille composée de barques, penn-sardin et jabadaos. Une flotte bigarrée qui repose sur un lit d'algues par marée basse."


Les premières photos, prises en arrivant dans le petit port, sont en contre jour.












LEO FERRE
LETTRE À LA MER


En Bretagne, le 20 août 1957

J'ai vite fait cette nuit, avec la route qui m'arrivait dans les yeux comme un ciné d'asphalte, j'ai vite fait pour te revoir.
L'Aube n'en finissait pas de bailler dans son plumard d'ouate fusain et cette radio allemande qui essorait sur mister Hertz la musique du plan Marshall!
C'était Francfort, je crois, où tu n'es jamais allée, ni moi non plus.
Entre deux cris de saxophone j'imaginais Paul Valéry et ses oeillades à ton museau d'éternité, je pensais aussi à la philosophie perverse du homard réclamant son visa pour l'Amérique et se délestant subito de sa carcasse pour finir tout mou et minable dans une gueule à la française.
Vrai, la mue de ce pauvre homard dans ce casier, l'année dernière, entre deux gammes, ça n'est pas une des moindres de mes découvertes, sous tes jupons de varech, quand tu foutais le camp là-bas reprendre un peu de sang à la lune...
Tu es une galvaudeuse, la mer, et je t'adore.

Moi, je suis né sur ta cousine, la Méditerranée, tranquille, souriante, avec l'accent aussi, bleue certes, plus souvent que toi puisqu'on la teint, à ce qu'on m'a dit, pour les touristes, chaque été... sans doute des combines à syndicats d'initiative!
Bref, ta cousine fait le tapin pour le baccara, on l'a muselée, ce sont les galets qui la retiennent, le sable il y a belle lurette qu'il s'en fout, il traîne à Juan-les-Pins sous le cul des demoiselles.
Minable, je te dis, la Méditerranée. Ils ne sont même pas arrivés à en faire une opérette potable. Toi, tu as fait la croche à Debussy...
Il est vrai qu'il avait un sacré talent!

Quand j'ai débarqué ce matin tu n'étais pas là, sans doute ton rancard lunaire.
Il y avait bien tes cheveux qui traînaient, encore tout mouillés de la nuit, mais ton admirable tête d'écume loin de mes mains toutes sèches des villes farfouillait l'horizon de je ne sais quelle hâte à recoudre des draps de coutil bleu lavasse.
Que tu es mystérieuse, la mer! Où pars-tu loin de moi quand j'arrive tout gris d'essence.
Vas-tu regonfler de ton sel quelque baleine danaïde ou te perds-tu en conjectures langoustines?
Joues-tu avec ces bateaux riches jusqu'à les démâter ou peut-être cajoles-tu le mousse en lui remplissant la mémoire de sardines hors commerce!
Les rocs jaloux te crachent à la figure et toi tu les lapes d'un coup en les laissant debout dans leur connerie de granit pendant que tu ravales ta vague travailleuse.
Tu les pompes, les rocs, tu les écorches pour te broder la dentelle où tu dors le soir avec tes chevaux de marée haute!
Tes chevaux! parlons-en, ils hennissent à m'en faire perdre toute la musique.
Sur tes tringles de rocailles il fait beau les voir dans leurs galops d'équinoxe éructant tes baves d'outre-tombe et broutant les esquifs guignols.
"Les chevaux de la mer ne traînent qu'une idée".
Tu peux rajouter cette couronne au cimetière marin... ça ne me fera pas faute.
La métaphysique, tu le sais, ne fait pas le poids d'une palourde.

Tous ces noyés en puissance et qu'on appelle les estivants que font-ils donc avec leur oeillères-chaises-longues?
C'est toi le spectacle et ils sont sur la scène, nègres saisonniers à tirer la couverture, pendant que "tu leur sers la soupe" et des souvenirs de café du commerce.
Que tu es bonne, la mer, d'exister pour ceux qui ne te voient jamais!
Les jouets en caoutchouc, les petits seaux et les petites pelles, les bouées dites de "sauvetage" aussi peut-être, tout cet attirail impersonnel, te rendent bien plus hommage dans leur candeur inhumaine que le vieux monsieur ventre à l'air, le goujat, qui t'arrime dans ses jumelles ou que la pin-up qui te brasse vers les midis quand tu es repue, calme et désolée.
L'idée que je me fais de toi, vois-tu, est d'une autre planète pour ne pas dire d'une autre qualité...

Lorsqu'il m'arrive de parler aux hommes avec un parti pris de sincérité, tiens-toi bien, je dis que je ne t'aime pas, que tu me fais peur, que je t'ai entrevue par hasard au cinéma où à Deauville, quand tu es de service, bref ça fait toujours son petit effet et l'on me demande pourquoi? avec l'à-propos de gentillesse qui caractérise les "bonnes" relations.
Tiens, il n'aime pas la mer, ce petit! eh bien on va lui demander de s'expliquer...
Alors, du tac au tac je leur réponds: "parce que j'ai le même mal qu'elle".
Et ils rient à cordes cassées, ah! ah! "le mal de mer, le mal de mer..." Ils ne savent pas ce que c'est le mal de vivre, ces imbéciles, pas vrai, la mer?
Ils ne savent pas ce que nous savons tous les deux depuis que l'on sait quelque chose dans cet univers glacé: la certitude que nous ne savons rien, et tu le sais tellement bien toi, que l'idée même d'être la mer te fait continuer à être la mer...

C'est un peu comme moi : l'idée que je suis un homme me fait continuer à être un homme.
Moi qui te pense, me dirais-tu, moi qui t'invente et qui te nomme, je pourrai peut-être me bousculer et aller voir ce qu'il y a derrière!
Tu ne peux pas t'acheter un browning pour en finir une fois pour toutes avec tes ressacs et tout le tremblement, moi oui... je peux m'acheter un browning, mais je ne le fais pas parce que j'ai peur, et surtout parce que je suis heureux dans ce que je fais, parce que je ne m'ennuie que lorsque je t'écris, ce n'est pas de l'ennui, non, c'est de la tristesse, parce qu'il faut que je t'écrive une lettre qui composera mon livre qui n'est pas encore composé, parce qu'il ne faut pas que je meure avant d'avoir fini ce que j'entreprends aujourd'hui avec toi et avant même d'avoir écrit beaucoup d'autres choses, avant d'avoir encore fumé des Celtiques à m'en arracher les éponges, pas les mêmes que toi, moi je respire avec, toi tu commerces, avant d'avoir mangé des kilos et des kilos de spaghettis à l'italienne, expressément cuisinés par mon Amour, chez moi dans ma maison, parce que j'aime la vie et que le mal de vivre, dont je t'ai touché une bribe tout à l'heure, n'est qu'une manie littéraire et que la littérature y'en a marre comme on dit à l'Académie Française.

Vois-tu la Mer, tout ce qu'on a entrepris sur ton dos, depuis que les "artistes" t'ont fait CONCEPT, me donne la nausée car il y traîne toujours quelque malversation poético-commerciale qui rend ta beauté monocorde et inutile.
Au fond, tu n'es qu'un ciel mouillé, comme mes yeux, quand je pense à toi sans te mettre sur une carte postale ou dans une symphonie, mais en t'aimant, ce matin, de retour des villes où ça sent l'homme, tout seul dans un coin de la plage, et lisant avidement le calendrier des marées, seule philosophie que je te concède.

A demain la Mer, dans tes bras.



Journal intime

Dimanche 19 février.

Je me soûle d'écriture pour occulter celui à qui je pense tout le temps.

Ethique et fin de vie

Ce matin, réveil habituel, pensées négatives, un peu atténuées  par un ciel bleu tranchant et un lever de soleil tonitruant!
Pensées négatives rassérénées en écoutant "Divers aspects de la pensée contemporaine". Les Francs-Maçons sont des humanistes, je le crois, je veux le croire, ils ont souvent fait avancer des idées.
Ce matin il s'agissait d'éthique et de fin de vie. Le prochain colloque de La Grande Loge De France aura lieu le 3 mars prochain. Non, je ne fais pas de publicité pour la GLDF mais pour le droit de choisir sa mort. Oui, mes mots sont crus, mourir dans la dignité passe mieux. J'aime que les choses soient dites, clairement. Puissent-ils faire avancer les esprits avec ce colloque.




"Le progrès médical avance mais la loi et la morale restent celles des siècles passés. Cette incohérence ne favorise-t-elle pas les dérives de clandestinité, hypocrisie et mensonge ?

La demande d’EUTHANASIE en France.

Nous avons tenté, par le biais d’un questionnaire adressé à nos Frères d’en savoir plus sur leur opinion sur ce sujet.

Les réponses peuvent s’analyser comme suit, de façon très résumée : Un véritable intérêt pour ce débat, sur un sujet difficile mais nécessaire et une réflexion d’une haute portée philosophique et morale. Une relative bonne connaissance de la loi, en France mais aussi à l’étranger,
Une bonne appréhension du problème de l’insuffisance de la loi Léonetti, malgré les avancées qu’elle apporte.
Un désir de voir évoluer la possible dépénalisation des actes de compassion, ayant abouti à une mort douce, programmée, sans demander explicitement une loi sur l’euthanasie,
Un désir chez beaucoup, après avoir parlé en famille de ces problèmes, de réfléchir à un « testament de vie » et à un possible « suicide assisté », plus qu’une envie de laisser à d’autres le soin de décider pour eux."

Boudiou! Est-ce ma douche ou ce sujet qui m'a redonné la forme ce matin! 'tain, il fait trop beau pour parler de tout ça. Une balade au bord de la mer cet après-midi pour profiter de ... la vie!

samedi 18 février 2012

***

Les phrases, les pensées qui ont retenu mon attention ce matin en écoutant Ivan Levaï citer Denis Tillinac :

"C'est la pilule, le supermarché et l'ordinateur qui ont changé la vie des occidentaux. C'est la dérision nihiliste, le culte de l'ego et la vulgarité médiatique qui ont délabré leur âme."
[...]
"Tous les politiques racolent en affichant leur solidarité avec les humbles, leur amour de la justice, leur allergie aux privilèges. Préfère celui qui n'aborde pas le sujet, il a au moins le mérite de la décence."

Denis Tillinac qui devient très "tendance" en ce moment. A réécouter ici, invité pour parler de son ouvrage : Dictionnaire amoureux du catholicisme.
Je l'ai trouvé intéressant. On le dit réactionnaire. Deviendrais-je réac en vieillissant? Ou, comme ose le lui demander FOG - sur le ton de l'humour -  : ne devenez-vous pas un "vieux c.."? Le deviendrais-je aussi? Mmm! Une chose est sûre, je n'ai pas sa foi  : "Hors de l'amour de Dieu, je me fous de tout...".

Une demi heure plus tard, j'écoutais Alain Finkielkraut dans Répliques, sujet du jour : La nostalgie de la politesse. Et là, j'avoue, il y a de quoi être nostalgique en écoutant Cécile Ernst parler des "incivilités" de ses élèves; c'est effarant! Je reviendrai sur le sujet.

Puis, sur France Culture, autre pensée du jour :

" La relation sexuelle chez l'homme est la seule fonction animale où triomphe l'esprit."
André Comte Sponville

Enfin, pensée du soir, pour me donner le courage du lendemain :

"L'important n'est pas de vivre, mais de bien vivre.
[...]
Hâte-toi de bien vivre et songe que chaque jour est à lui seul une vie."
Sénèque. Extrait des Lettres à Lucilius

jeudi 16 février 2012

N(i)u jazz

Le programme du Festival de Jazz de Montreux 2012 n'est pas encore dévoilé. L'affiche va faire jazzer.

Mmm! Qu'entends-je au loin?
Je l'aurais bien vu avec une montre suisse au poignet, ça habille bien (0_0).



Question au photographe américain Greg Gorman, voir ici.

Parlez-nous du lien entre musique et nudité.


La pose du modèle doit suggérer le mouvement, un moment fugace, comme s’il tournait la tête parce qu’il avait entendu quelque chose et voulait le retenir. Ce peut être une voix, un bruit ou un son. La dune de sable au fond joue aussi un rôle important. Sa hauteur et sa profondeur évoquent un sentiment de vide et présentent dans leur simplicité une invitation à la contemplation, à une expérience essentielle d’écoute de la musique. L’arrière-plan ouvert procure aussi, au sens propre, un espace pour l’interprétation personnelle du spectateur. Le sujet est placé dans un environnement ouvert non encombré.

mercredi 15 février 2012

Journal intime

Mercredi 15 février.

J’avais envie de lui offrir un livre mais quoi ? Je n’avais pas envie que ce soit un livre neuf, il venait de me faire cadeau d’un livre qui lui appartenait et qui avait déjà appartenu à quelqu’un d’autre. Je trouve beau ce « relais » de certains ouvrages que l’on déniche dans des brocantes ou chez les bouquinistes.

Je n'oserai pas lui offrir le Baudelaire.
Je me sens idiote.

Genius loci

Je me dirigeais vers le Piano Livre où il m’arrive de faire des trouvailles. En ouvrant la porte et en voyant des bacs remplis d’ouvrages au milieu de la librairie j’ai tout de suite senti que quelque chose avait changé ; je ne reconnaissais pas non plus l'homme qui arrivait du fond de la pièce les bras chargés de livres, et soudain j’ai cherché des yeux le piano et j’ai compris : il n’y avait plus de piano, ni de pianiste ; c’était le libraire qui en jouait, c’était un libraire-bouquiniste-artiste et chaleureux, c’était l’âme de cet endroit, il n’y avait plus de genius loci (l’esprit, l'ambiance, l'atmosphère d'un lieu); clin d'oeil à un ami. L'homme me salua et je lui répondis :
- Bonjour.  Il n’y a plus de piano ?
- Non, j’ai racheté la boutique.

Il ne pouvait pas savoir comme soudain cet endroit perdait de sa magie pour moi, même si ce sont toujours des livres d’occasion que l’on y trouve et quelques livres anciens. Je lui demandais tout de même s’il avait des ouvrages de (ou sur) Nietzsche dans une belle édition. Non, il n’en avait pas. Je fouillais malgré tout dans les rayons, en quête d’une merveille, j'imaginais que je l'offrirais à un ami,  avec cette inquiétude de faire une erreur de choix. Je ne trouvais rien, enfin, je ne sais pas. Je dénichais une vieille édition de 1927, reliée avec une couverture en cuir des Fleurs du mal de Baudelaire. Avant hier j’avais écouté les NCC : la conversion poétique de Baudelaire et hier : échos de Wagner. Certains textes lus au cours de l’émission  faisaient référence à Nietzsche qui, par ailleurs, admirait le poète et disait que c'était "le plus allemand des poètes français". Je n’étais sûre de rien,  l'ami auquel je pensais devait posséder tant de livres qu’il était difficile d’être originale. Je l'achetais en me disant que, de toute façon, je n'oserais pas le lui offrir. Et puis, il m'avait laissé entendre qu'il allait se séparer de sa bibliothèque, alors à quoi bon lui offrir un livre. En fait, en farfouillant dans les étagères, je m'inventais un ami, à qui j'aurais aimé faire ce cadeau. C'était seulement dans mon imaginaire que je faisais une recherche en pensant à cet ami.

Bon, cet ouvrage relié me plaît! Je possédais Les Fleurs du mal en livre de poche. Celui-ci est précédé d’une notice par Théophile Gautier et d’une copie d’une note manuscrite de Charles Baudelaire qui figurait sur un exemplaire de l’édition de 1861. Si je me fie au prix indiqué ici et , je crois avoir fait une excellente affaire, je dirais même l’affaire du siècle, d’autant plus que celui que j’ai acheté a une couverture tout en cuir, pas seulement le dos et, en très bon état. Je l'ai eu pour une bouchée de pain!







Lorsque je venais ici, je demandais timidement à l’artiste-bouquiniste de me jouer quelque chose, il s’exécutait volontiers, avec un plaisir qui n'était pas feint ; je quittais alors ce lieu la joie au cœur, avec un livre et des notes de musique dans la tête. Cet après-midi, je repartais avec le Spleen de Baudelaire sous le bras et mon spleen de la disparition du Piano Livre.

Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire,
Que diras-tu, mon coeur, coeur autrefois flétri,
A la très belle, à la très bonne, à la très chère,
Dont le regard divin t'a soudain refleuri?

- Nous mettrons notre orgueil à chanter ses louanges,
Rien ne vaut la douceur de son autorité;
Sa chair spirituelle a le parfum des Anges,
Et son oeil nous revêt d'un habit de clarté.

Que ce soit dans la nuit et dans la solitude,
Que ce soit dans la rue et dans la multitude,
Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau.

Parfois il parle et dit : "Je suis belle, et j'ordonne
Que pour l'amour de moi vous n'aimiez que le Beau.
Je suis l'Ange gardien, la Muse et la Madone."

Charles Baudelaire, Spleen et Idéal.

mardi 14 février 2012

Journal intime

Mardi 14 février.
21 h.

S'il n'avait pas été là aujourd'hui pour plaisanter et me faire rire, je n'aurais pas pu prendre à la légère - comme j'ai réussi à le faire - cette petite intervention chirurgicale.
Je suis partie un peu stressée mais confiante. Et si hier en consultation le dermato fut peu amène, aujourd'hui il était aimable, attentionné.
Tout s'est bien passé. Attendons les résultats.

Je veux rester légère avec lui. D'ailleurs, je le suis, je ris, je suis sincère.

Journal

Hier après-midi : deux heures dans une salle d'attente.  J'avais prévu de commencer un livre mais le va et vient dans cet hôpital m'empêchait de me concentrer. J'avais un autre petit opuscule dans mon sac sur Simone de Beauvoir, que j'ai feuilleté.
Ce petit écriteau était amusant dans un passage qui fait référence à l'existentialisme :

Emploi du temps
de l'existentialiste

Type : pauvre

Au printemps et en été :
de 11 h à 1 h : bain de soleil
au Flore.
A 1 h : déjeuner, le plus souvent
à crédit, dans l'un des bistros du
quartier. L'un de ces bistros, rue
Jacob, est familièrement appelé :
"Les Assassins".
De 3 h à 6 h : café, au Flore.
De 6 h à 6 h 1/2 : travail dans
l'une des chambres où l'un des
rares existentialistes a pu,
jusqu'à présent se maintenir.
De 6 h 1/2 à 8 h : Flore.
De 8 h à minuit : Bar Vert.
De minuit à 10 h du matin :
Tabou.
Le dimanche, le Flore est
remplacé par les Deux Magots.
Le samedi, le Tabou par le
Bal Nègre.

1945 : l'existentialisme
Sartre et Beauvoir se retrouvent au premier plan d'une actualité médiatique qui n'a que peu à voir avec leurs oeuvres.
La joie de vivre débridée qui suit la Libération, les excentricités des zazous, qui paraissent à certains le comble de la décadence, sont baptisées "existentialistes". C'est le début d'un malentendu. cet existentialisme folklorique est aux antipodes de la difficile philosophie de l'existence exposée dans L'Etre et le Néant en 1943. Les journalistes n'en ont cure : ils cherchent l'anecdote scandaleuse, poursuivent les écrivains dans les cafés qu'ils fréquentent, dans les caves de Saint-Germain-des-Prés où l'on danse le be-bop et écoute du bon jazz; le Tabou, la Rose Rouge. Boris Vian s'y déchaîne sur sa trompette. Juliette Gréco chante "Dans la rue des Blancs-Manteaux", composée pour Huis clos.
Les curieux se pressent au Café de Flore et aux Deux Magots dans l'espoir de voir quelles tables occupent le "pape de l'existentialisme" et "la Grande Sartreuse", surnommée aussi "Notre-Dame de Sartre".

La légende du Saint-Germain-des-Prés "existentialiste" se forge à partir de 1945. On rencontre Sartre et Beauvoir au Deux Magots, comme au café Procope (avec Boris et Michelle Vian ici).



Et ci-dessous : moi et mes petites parisiennes existentialistes
au Flore en 2009


 
Mon tour est arrivé. Une heure et quart de retard dans ses rendez-vous le toubib!

lundi 13 février 2012

"JE DIS TOUT, TOUT, TOUT"

Cette phrase de Marie Bashkirtseff : "je dis TOUT, TOUT, TOUT", cela n'est possible que dans un journal intime, pas un journal extime comme celui que j'expose ici.
En fait, je ne livre dans ce blog/journal que ce qui me concerne. Je ne peux aller plus loin et parler de ceux qui sont concernés, sauf s'ils sont morts.
J'ai tenu pendant des années mon journal intime, dans des cahiers tenus secrets. J'en ai déjà parlé.

Marie Bashkirseff écrivait ceci dans son Journal, dans la Préface qu'elle a tenu à écrire elle-même :

"D'abord j'ai écrit très longtemps sans songer à être lue, et ensuite c'est justement parce que j'espère être lue que je suis absolument sincère."
Cette phrase répond peut-être à ce que j'écrivais aujourd'hui à un ami :
"Je pourrais reprendre mon journal intime sans passer par mon blog me direz-vous ? Oui, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai besoin de faire semblant d’être lue, allez savoir pourquoi."


Marie B. avait 25 ans quand elle est morte et il y avait dans ce qu'elle écrivait la fraîcheur de l'âge :
"Non seulement je dis tout le temps ce que je pense, mais je n'ai jamais songé un seul instant à dissimuler ce qui pourrait me paraître ridicule ou désavantageux pour moi.  - Du reste, je me crois trop admirable pour me censurer. "
Cette phrase que je souligne me fait sourire, c'est en elle que je trouve cette fraîcheur, cette innocence.

"Si j'allais mourir comme cela, subitement, prise d'une maladie !... Je ne saurai peut-être pas si je suis en danger ; on me le cachera et, après ma mort, on fouillera dans mes tiroirs ; on trouvera mon journal, ma famille le détruira après l'avoir lu et il ne restera bientôt plus rien de moi, rien... rien... rien !... C'est ce qui m'a toujours épouvantée. Vivre, avoir tant d'ambition, souffrir, pleurer, combattre et, au bout, l'oubli !... l'oubli... comme si je n'avais jamais existé. Si je ne vis pas assez pour être illustre, ce journal intéressera les naturalistes ; c'est toujours curieux, la vie d'une femme, jour par jour, sans pose, comme si personne au monde ne devait jamais la lire et en même temps avec l'intention d'être lue ; car je suis bien sûre qu'on me trouvera sympathique... et je dis tout, tout, tout. Sans cela, à quoi bon ? Du reste, cela se verra bien que je dis tout..."

mardi 16 avril 1876

Quoi que je devienne, je lègue mon journal au public.


Tous les livres qu’on lit sont des inventions, les situations y sont forcées, les caractères faux, tandis que ceci, c’est la photographie de toute une vie. Ah ! direz-vous, cette photographie est ennuyeuse, tandis que les inventions sont amusantes. Si vous dites cela, vous me donnez une bien petite idée de votre intelligence.


Je vous offre ici ce qu’on n’a encore jamais vu. Tous les mémoires, tous les journaux, toutes les lettres qu’on publie ne sont que des inventions fardées et destinées à tromper le monde.


Je n’ai aucun intérêt à tromper. Je n’ai ni acte politique à voiler, ni relation criminelle à dissimuler. Personne ne s’inquiète si j’aime ou je n’aime pas, si je pleure ou si je ris. Mon plus grand soin est de m’exprimer aussi exactement que possible. Je ne me fais pas illusion sur mon style et mon orthographe. J’écris des lettres sans fautes, mais au milieu de cet océan de mots, j’en laisse échapper sans doute beaucoup. Je fais en outre des fautes de français. Je suis étrangère. Mais demandez-moi de m’expliquer dans ma langue, je le ferais peut-être plus mal encore.


Mais ce n’est pas pour dire tout cela que j’ai ouvert le cahier. C’est pour dire qu’il n’est pas midi, que je suis livrée plus que jamais à mes tourmentes pensées, que ma poitrine est oppressée et que je hurlerais volontiers. D’ailleurs, c’est mon état naturel.



Son journal manuscrit (106 cahiers et carnets, 19000 pages) est pour l'essentiel conservé aujourd'hui au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale.

Marie meurt à Paris le 31 octobre 1884, à l’âge de 25 ans des suites d’une phtisie. Son oeuvre comprend une centaine de tableaux qui sont aujourd’hui exposés à Saint Petersbourg, Moscou, Athènes, Chicago, Amsterdam en passant par la France avec Paris (Musée d’Orsay, Petit Palais…) et Nice (Musée Jules Chéret).

Quelques liens ici. 

Ce billet m'a été inspiré par mes doutes : je ne dis pas TOUT évidemment, j'ai souvent envie de TOUT DIRE, je souhaite que mon blog reste confidentiel et j'ai besoin quand j'écris de savoir que je vais être lue. Tout cela est bien contradictoire. Je suis un paradoxe. Pour être honnête et sincère, je ne fais ici que combler ("enchairir"?) ma solitude. Une chose est sûre, je ne suis pas un écrivain, j'aime seulement me retrouver parfois dans leurs mots :

" Je suis un être de langue, et non un distributeur de contenus (c'est-à-dire un embouteilleur d'histoires, un athlète de l'emballage), tel a été mon tout premier cri de guerre. Je voulais souligner par là que mon moteur était un besoin de dire, mais aussi une difficulté à dire, sans autre engagement. Je ne suis que dans la mesure où je peux le dire et me dire."
Chapitre : Donner la vie, p. 264.
Paul Nizon, in Le Ramassement de soi.

dimanche 12 février 2012

Dans le gel, petites coccinelles

11 heures.
Un petit tour sur ma terrasse
pour vérifier la température au thermomètre qui indiquait - 4° à 9 heures.
Ça remonte un peu : 0°. Pas un nuage dans le ciel.


Je jette un coup d'oeil sur mes plantes, celle-ci est gelée,
normal, ce genre de plante (Dipladénia)  ne fait qu'une saison.


Mais, que vois-je dans mon rhododendron plutôt mal en point lui aussi?
Une grappe de coccinelles scotchées au milieu des feuilles!



Les bourgeons sont brûlés par le gel alors que la douceur de décembre et janvier
les avait fait naître prématurément.


Mon Polygala va à peu près bien, ne gèle pas et est encore en fleurs.
Ceci dit, il ne s'est pas vraiment relevé de son coup de sécheresse du mois de mai,
mon escapade lui a été fatale.


Mes buis, hum! Pas terribles non plus. Un peu d'engrais au printemps sera nécessaire.


Le Pinus Marie Bregeon (quel nom bizarre) supporte très bien le gel.
Je lui chuchote un petit truc à l'oreille pour qu'il garde la forme.


Celle-ci, j'ai oublié son nom, résiste aussi au gel.


Bouh! Les lattes en bois sont très encrassées.
Cette année il va falloir vraiment que je trouve quelqu'un pour les nettoyer
et pour brosser mon banc. Je n"ai plus le courage de faire ça


14 heures.
Le ciel a changé de couleur.