mardi 25 septembre 2012

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Optimisme.
Chaque matin me dire : je vais mieux; jusqu'au matin où je pourrais dire, je vais bien.

Cette semaine dans les NCC : Liberté chérie.

Se libérer n'est rien c'est savoir être libre qui est difficile. André Gide dit que la liberté peut plonger dans une sorte de détresse, il en a peur voire il en a horreur. Pour lui ce qu'il faut, ce n'est pas d'être libre mais chercher sans arrêt à le devenir en sachant que de toute façon on ne le sera jamais vraiment.

J'ai bien aimé cette référence au cerf-volant.
André Gide se compare à cette image du cerf-volant qui croit que, sans sa corde il pourrait voler encore plus haut. Alors que justement, c'est parce qu'il est tenu par une ficelle - une contrainte - que, il peut s'élever.

"Il faut suivre sa pente pourvu que ce soit en remontant".

samedi 22 septembre 2012

Débranche

Le titre de cet article dans le JDD retient mon attention :

Quand des nouveau-nés meurent de faim à l’hôpital...
Interdisant les injections létales pour des bébés nés avec des lésions cérébrales, la loi Leonetti a ouvert la porte à une pratique rare mais controversée : l’arrêt de toute alimentation. Un sociologue, Philippe Bataille, brise ce tabou.

Je vais encore en agacer plus d'un avec ce sujet mais ce que je lis me révolte. On ne laisse pas mourir de faim un animal...

Philippe Bataille, sociologue, met en cause les soins palliatifs. Interview.
"Que la médecine débatte de la mort"



Le passage le plus dur de votre livre concerne l’arrêt de l’alimentation chez des nouveau-nés atteints de lésions cérébrales irréversibles.

Sans donner de détails sur ces situations impensables, j’observe que la loi Leonetti, qui est une loi contre l’euthanasie, a conduit au développement de pratiques cliniques parfois douloureuses. L’arrêt de l’alimentation artificielle chez le nouveau-né est un exemple, parmi d’autres, qui démontre que la loi de 2005 n’a pas tout réglé. Tous les patients qui meurent à l’hôpital ne sont pas traités humainement. N’en déplaise aux défenseurs des soins palliatifs, qui prétendent à tort avoir épuisé la question de la fin de vie, la mort ne saurait être présentée comme quelque chose de positif.

Réclamez-vous la légalisation de l’euthanasie dans ces cas extrêmes?



Je ne prône pas une loi sur l’euthanasie mais le droit à réclamer la mort, à réclamer une aide active à mourir, quand on est allé au bout de ses souffrances. Je me demande si certains grands artistes récemment décédés en quelques jours à l’issue d’une longue maladie n’ont pas su toucher le coeur des soignants, évitant ainsi de traverser les semaines épouvantables que connaissent nombre de malades atteints de cancers incurables ou de vieillards au bout de l’âge.

Comment pourrions-nous mieux regarder la mort en face?

Il faut que la médecine entière s’approprie ce débat sur la mort. On ne peut pas se contenter de laisser à la société le soin de fixer les bornages éthiques. La distinction légal/illégal n’a parfois aucun sens. Que les cancérologues, les médecins généralistes écoutent mieux leurs patients.

A.-L.B - Le Journal du Dimanche
dimanche 16 septembre 2012

jeudi 20 septembre 2012

Ne pas attendre pour dire Je t'aime

Ben voilà, il vient de sortir, je suis allée le voir ce soir.
Je me demande à qui vais-je pouvoir demander de m'accompagner... le jour venu?
Ma soeur? Impossible. Dans ma famille personne n'est pour le suicide assisté. Pas question de demander à quelqu'un de ma famille.
Mon unique amie? J'ai déjà tenté de la sonder, elle a ignoré ma demande.
C'est tellement dur pour l'accompagnant. Accepter de le faire c'est une vraie preuve d'amour.
Moi je serai capable d'accompagner quelqu'un qui me demanderait de le faire.
Si je ne trouve personne, j'irais seule... le jour venu!
Mais ce n'est pas d'actualité, je devrais pouvoir attendre encore quelques années.



A part ça, c'est un très bon film, Hélène Vincent et Vincent Lindon sont excellents dans leur mutisme ou leur colère. Ne pas aller le voir à l'aveuglette; il faut être intéressé par le sujet. Et bien sûr je le suis. J'ai également fait la démarche de demander des renseignements, c'est un premier pas et dans la réponse que j'ai reçue, ils ont bien précisé (je laisse les fautes) :

"Veuillez noter que Dignitas n'est pas en position d'arranger une morte volontaire accompagné pour de patient souffrant des troubles psychiques.

Avec nos meilleures salutations
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Dignitas
Vivre dignement -
Mourir dignement"

Je ris, je suis un peu cinglée mais je ne leur dirai pas!

"Dans « Quelques heures de printemps », Stéphane Brizé met en scène les relations entre un fils et sa mère qui, condamnée par la maladie, suit une procédure de suicide assisté. Résultat : un film exceptionnel qui regarde une certaine réalité dans le blanc des yeux." Enfin!

En Suisse comme en France, l’euthanasie est interdite. En revanche, le suicide assisté, dans un cadre très strict, est autorisé."

J'ai toujours du mal avec cette pudeur qui fait que des êtres qui ne cessent de se déchirer attendent l'heure fatale pour dire qu'ils s'aiment. Parce que cette mère atteinte d'un cancer, elle n'est vraiment pas chaleureuse avec son fils. Mais c'est aussi ce qui fait la force du film : on ne s'apitoie sur aucun des deux personnages principaux qui, je le redis, sont exceptionnels. C'est la mort qui permet à la mère et au fils de se retrouver.

A voir, quand tout va bien!

mercredi 19 septembre 2012

Peut-on ignorer la mort

Aphorismes

*=*=*

"Quand on est jeune on sait à peine que l'on vit. Le sentiment de la santé ne s'acquiert que par la maladie. L'attraction exercée sur nous par la terre, nous ne la remarquons que si nous sautons en l'air, par le choc subi en retombant. Lorsque la vieillesse arrive, l'état de maladie devient une sorte de santé, et l'on ne remarque plus que l'on est malade. Si le souvenir du passé ne subsistait pas, on s'apercevrait peu du changement. Aussi, je crois que la vieillesse n'existe pas pour l'animal, sinon à nos yeux. Un écureuil qui, au jour de sa mort, mène une vie de mollusque n'est pas plus malheureux que le mollusque. Mais l'homme, qui vit en trois lieux, dans le passé, dans le présent et dans l'avenir, peut être malheureux dès que l'un des trois ne vaut rien. La Religion en a même ajouté un quatrième : l'éternité."

*=*=*

"Cet homme avait tant d'intelligence qu'il n'était presque plus bon à rien dans le monde."

*=*=*

"J'ai étudié l'hypocondrie, et je me suis tellement complu dans cette étude! - Mon hypocondrie est, à vrai dire, un talent spécial qui consiste en ceci : de chaque incident de la vie, quel que soit le nom qu'il porte, savoir tirer la plus grande quantité de poison pour mon propre usage."

André Breton, in Anthologie de l'humour noir,  éditions Jean-Jacques Pauvert, 1966.


Je voudrais bien vivre pour bien mourir, mais je n'y parviens pas. Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur de vivre.

Spinoza

« Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu'à la mort; et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. »
Spinoza, Éthique, 1677 (posth.)

Montaigne


« On ne cesse de penser à la mort qu'en cessant de penser."


mardi 18 septembre 2012

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"On fuit l’ennui dans des divertissements innombrables, amours et affaires, romans et spectacles, réels ou fantasmés qu’importe ; puis leur bêtise et leur répétition, leur vanité en un mot, si l’on ne s’y perd pas, dépose aux rives d’un ennui neuf, immensément serein, réconcilié avec les morts, dans la forteresse de l’enfance, désormais imprenable. Je ne sais pas d’autre luxe."

Pascal Adam, Theatrum Mundi.




dimanche 16 septembre 2012

Jour 8. Retour

Dimanche 16 septembre.
22 h.

Petit déjeuner à 8 heures, ouverture du restaurant de l'hôtel.
Je contemple la vue une dernière fois. C'est beau et cette salle est belle aussi. Dommage que j'y aie si mal mangé. Je ne m'attarde pas.

Très peu de monde sur la route. J'aime rouler le dimanche, pas de camions à doubler.
Un an hier que mon frère
J’étais dans la même région quand j’appris la nouvelle et mes vacances furent écourtées. Je me demande s’il n’y a pas de cette mémoire qui m’aurait poussée à y retourner cette année, comme un pèlerinage.

Je m’arrête chez ma belle-sœur vers 15 heures. Elle ne m’a pas entendue me garer et la chienne non plus. Pas d’aboiements. Je l’avais bien sûr prévenue sur la route que j’arriverai vers cette heure-là. Je la surprends dans son jardin en train de ratisser les feuilles mortes sur la terrasse. La chienne en me voyant ne me fait pas la fête comme d’habitude. C’est étrange, sentait-elle aussi que c’était le premier anniversaire de la mort de son maître. Mais non c’est impossible, je pense qu’elle vieillit, à moins qu'elle sente le chagrin toujours prégnant de sa maîtresse.

On rentre dans la maison pour boire un café. La chienne va chercher sa carotte en caoutchouc pour que je la lance puis elle vient près de moi pour que je recommence, c'est sans fin ce jeu alors je la caresse, elle se laisse faire.
Je lui dis : déjà un an, tu es allée au cimetière hier ? Oui. Elle sait que je n’aime pas aller au cimetière

Il faisait beau, je lui proposais d’aller promener sa chienne à Saint Goustan. Le port était très animé, nous avons longé le quai puis nous avons emprunté les ruelles pleines de charme. Petite pause thé sur une terrasse face aux bateaux. Nous n’arrivions pas à parler de lui mais nous étions toutes les deux emplies de sa présence. La vie continue, cette phrase bateau prenait son sens quand elle me dit : j’aimerais ne pas vieillir seule.

Je la quitte à 18 heures. Dernière heure de route. J’ai retrouvé mon home vers 19 heures.

J’étais partie parce que je sentais que je m’enfonçais dans une profonde mélancolie, il fallait que j’en sorte. Les trois derniers jours j’ai vu la lumière au bout du tunnel… Cette escapade n’était donc pas inutile.
Maintenant, tout faire pour que les bienfaits se prolongent, encore un peu. Ne pas replonger, tout de suite.

Je mets un de ses CD, je m'allonge sur le canapé, je regarde mes murs, je leur parle. Défaire les bagages, ouvrir une boîte de conserve pour le dîner, tout cela attendra.

samedi 15 septembre 2012

Jour 7

Samedi 15 septembre.
23 h.

Pas vu passer la journée.
Dernière promenade le long de la Grande Côte.
J'aperçois d'étranges petites "sculptures" sur un rocher.


Je laisse mon empreinte naïve sur cette plage de galets calcaires. D’autres l’ont fait avant moi. Réaction enfantine. Je suis une enfant.



Je ramasse deux petits galets que je ramènerai avec moi. Ils rejoindront mes galets bretons. J'aime les galets, j'aime les toucher, les caresser. Ceux-là laissent des traces de craie sur mes doigts.



L’air était doux malgré ce vent qui semble toujours présent sur cette côte. Je la trouvais belle et commençais même à accepter son appellation sans rechigner : La Côte de Beauté.
Je crois que l’on ressent l’environnement selon notre humeur et j’étais aujourd’hui de belle humeur. La lumière, les sons, les odeurs, tout me pénétrait comme un baume apaisant.

L’hôtel est plein, je pense que quelques bordelais y viennent passer le week-end. Je déjeunais encore Chez Bob, devenu ma cantine ; près de moi une table de bordelais (je les entendais dire qu'ils avaient mis du temps pour sortir de Bordeaux); style jeunes cadres dynamiques en tenue de week-end, parlant boulot pour les hommes et déco pour les femmes. Pour moi c’était sardines grillées (excellentes), pour eux pizzas et moules pour elles. Amusant. Tiens ça me donne une idée pour ce soir, les pizzas sont très appétissantes.

Dîner………. Chez Bob ! Pourquoi changer quand tout est OK ; je n’ai pas mangé de pizza mais un koulibiac de saumon, divin. La serveuse est là midi et soir et garde le sourire.

Allez, zou au lit avec Le cœur régulier. Je voulais en mettre un extrait ici mais je n’y arrive pas. Je n’arrive à trouver dans ce roman (récit?) une page ou une demi page qui pourrait donner envie de le lire parce que pas une page ne permet de faire une pause, parce que chaque phrase appelle la suivante et que chaque mot me parle de solitude, de l’intime, de l’incompréhension de l’autre, de tout ce qui me touche.
« Se reposer. Reprendre des forces. Réfléchir. Retrouver la force de réfléchir et d'envisager les choses dans le calme, faire le tri, se délester, choisir. […] Puis marcher, s'asseoir et se laisser envahir. Par la lumière, les bruits, les parfums, sentir sa peau et tout ce qui la touche, l'effleure, la caresse. Respirer. […] Je sais que c'est ce dont j'ai besoin. Me délester, sentir. M'oublier, m'ouvrir. Recueillir. Laisser le soleil chauffer ma peau, l'air pénétrer mes poumons, l'eau me diluer. Sentir battre en moi un cœur régulier. »

Mais que c’est réducteur de mettre cet extrait.

Dernière nuit, porte-fenêtre entrouverte, impression que la mer est sous mon oreiller. La première nuit je trouvais le bruit du ressac gênant, là j'entendais aussi le vent. Je sentais que je m'endormais, comme dans une barque à la dérive... solitaire, pour un tour du monde en huit heures.



vendredi 14 septembre 2012

Jour 6

Vendredi 14 septembre.
23 h.

Ce fut une bonne journée. Matinée : dans le centre de la station, un tour rapide au Marché près des Halles. Des produits du pays charentais, sinon tous les marchés se ressemblent. J’ai acheté un livre sur l’histoire de Saint Palais, avec plein de photos de cartes postales anciennes. J’apprends que Danielle Darrieux d'origine bordelaise y possédait une villa. La villa Rol Mic débaptisée par Henri Decoin son mari elle devint la villa Honey Moon (Lune de Miel)



« Lorsque, après une journée bien remplie, le soleil s'immerge lentement dans l'Océan et envoie comme à regret ses derniers feux sur les Pierrières et le pont du Diable dont il aura été le compagnon du jour, celui ou celle qui vient ici pour la première fois ne peut manquer de se poser une question simple : quoi de plus beau ? » Envoûtés dès l'adolescence par cet ensemble de plages, de rochers et de forêts mêlés face au spectacle de l'Océan en perpétuel renouvellement, Annie-Paule et Christian Félix vont nous faire partager leur plaisir et leurs recherches et nous faire aimer l'histoire de Saint-Palais et de la Grande Côte ! C'est au rythme lent du tramway, créé dans les dernières années du XIXe siècle, que nous visitons les lieux, de la Belle Époque à aujourd'hui… Bonne balade?! »
4e de couverture.

Puis je suis allée prendre mon café à la terrasse du Dransard qui semble être le Sénéquier du coin… avec un peu d’imagination. On vient s’y asseoir pour voir autant que pour être vu. On reconnaît les habitués et les touristes. J’aime son ambiance, j’y suis allée chaque jour et le ristretto y est exquis et pas cher : 1,60 € !!! (Sûrement moins cher que chez Sénéquier)!

Déjeuner Chez Bob, j’avais déjà l’impression d’être une habituée, la serveuse m’a reconnue et donné une bonne table au bord de la plage. J’avais le temps de savourer la vue, mon départ au golf de La Palmyre était à 14 h 50. Le ciel était un peu couvert.

Chez Bob
Crédit photo ici.

Au golf j’ai joué avec un couple et un autre partenaire, nous étions quatre ; la partie fut plus longue mais agréable. Coïncidence, le partenaire seul était Breton, Rennais; un médecin. Il m’a raconté qu’il avait fait son internat à Brest et qu’il connaissait bien Quimper. Il n’arrêtait pas de fumer, était très décontracté et drôle. Il ressemblait à Michel Constantin, un visage de boxeur ! Au départ d’un trou il rate son coup et part complètement à gauche dans les pins, il ramasse son tee et annonce : c’est un coup de Mélenchon. J’éclatais de rire. J’attendais le coup où il partirait complètement à droite et je pourrais alors lui lancer : là, c’est un coup de Le Pen. Mais je n’ai pas eu ce plaisir.

Je suis rentrée à l’hôtel ravigotée malgré mon jeu toujours aussi irrégulier, tel qu’il est depuis des semaines. Je songeais que je devais reprendre la route du retour le lendemain alors que je commençais à me sentir bien. Et si je restais une journée de plus ? Ce serait mieux de rouler le dimanche. A mon arrivée on avait insisté pour me dire que ce serait jusqu'au samedi, l'hôtel devant être complet pour le week-end. Je vais à la réception et demande si cela serait possible. Ça l’est. Je remercie en précisant : je suis invitée à dîner demain soir, donc ce sera seulement chambre et petit déjeuner. Ce n'était pas vrai, je n'avais d'invitation à dîner mais je n'avais pas envie pour le dernier soir d'un repas qui m'aurait encore déçue.

jeudi 13 septembre 2012

Jour 5

Jeudi 13 septembre.
22 h 15.

Insomnie la nuit dernière. Je suis envahie par le noir, plus que noir.
Puis la lumière de la côte, éblouissante dès l’aube, éclaircit aussitôt mes sombres pensées.

Promenade ce matin sur le sentier le long de la Côte. Arrêt sur un petit pont. Je filme un carrelet et la mer se jetant dans les entraves des Pierrières. Je regarde en bas, la hauteur du pont, insuffisante, pour m’y jeter. En ai-je vraiment envie ? Oui ! En aurais-je le courage ? Non, évidemment. Tsss! Je continue après le petit pont. Les engins sont passés pour nettoyer la plage et ont laissé leurs empreintes.





15 h. J’ai fait une sieste puis une nouvelle marche. A 18 heures je suis allée au cinéma voir un film avec Gad Elmaleh et Sophie Marceau : Un bonheur n’arrive jamais seul. Un film léger, sans prétention, sans ambition intellectuelle, juste ce qu’il me fallait, pour faire le vide. Un film de vacances ! Avant d’entrer dans le cinéma, le responsable de la projection est arrivé en camionnette, celle-ci remplie de bobines de films. Je me suis crue sur le tournage de Cinéma Paradiso ! J’imaginais qu’il allait installer un écran, des chaises pour les spectateurs ; il était en retard et nous a fait patienter, le temps d’installer son matériel dans sa cabine de projection à l'intérieur du cinéma, puis il s’est posté derrière le guichet et nous avons pu rentrer. Joie! Il m'a demandé une pièce d'identité quand je lui ai demandé le tarif "senior". Je lui dis : "ce n'est pas parce que c'est écrit Chipie sur mes tennis que j'en suis une", nonobstant mon côté Maud (sans Harold). Il m'a donné mon ticket d'entrée senior en me regardant bizarrement. Non mais!  Non, ce n'était pas une "salle polyvalente" mais un vrai cinéma avec un homme polyvalent. C’était délicieux cette ambiance artisanale, il devait certainement passer d’une ville à l’autre avec ses films. J’ai craint un instant de découvrir une salle inconfortable, des fauteuils en bois, mais non, tout était impeccable, le confort, le son et l’image ! Bon, si la mise en bouche était celle de Cinéma Paradiso, le film sur l’écran était loin de cette poésie.

Ce soir au restaurant de l’hôtel, le couple de parisien s’en est encore donné à cœur joie avec un poisson entier ; leur menu : un ânon (c’est laid) qui ne me faisait pas du tout envie ! Chaque soir nous nous saluons, nous sourions, échangeons quelques mots. Je tente de prendre discrètement une photo du poisson et lui, m'ayant vu le faire, me propose de le prendre de plus près. Je le remercie. Et ils n’en laissent pas une miette. Il me proposera ensuite, après avoir glissé la peau du poisson sous la tête, de le prendre quand ils l'eurent terminé! Non, ce n'est pas un gag.




De mon côté je n’ai pratiquement rien mangé : l’entrée était nulle, une terrine de poisson fadasse, sans sauce tomate ou autre qui fut savoureuse, présentée avec deux crottes de mayonnaise (je n'aime pas la mayonnaise) puis un filet de poisson trop cuit, archi sec avec trois morceaux de pommes de terre frites grasses. Indigne d’un hôtel de cette catégorie. Inadmissible, même en demi-pension. Demain je tenterai le plat de viande. J’avais pris une bouteille de sancerre dès mardi soir que l’on me gardait pour les jours suivants. Pas une seule fois un serveur n’est venu sortir la bouteille du seau à glace pour me servir. On ne laisse pas une femme seule se servir à boire, ce que j’ai  dû faire. Bel hôtel extérieurement mais beaucoup de choses à revoir..

Je vais lire ce soir, tard, jusqu’à ce que mes yeux se ferment. J’écoute un CD sur mon ordinateur, pas trop fort pour ne pas gêner les clients âgés en majorité, qui se couchent tôt. J’ai du mal à me concentrer. Le livre de Olivier Adam : Le cœur régulier, me plaît. Belle écriture, un rythme qui ne vous laisse pas de répit. Je n’avais rien lu de cet auteur. Des thèmes qui me touchent – oui, on ne se refait pas : le deuil, le suicide, l’existence - être ou ne pas être – un beau roman. Lire ici le mea culpa de la journaliste sur l'auteur.

Je pose mon livre un instant pour n’écouter que le Dixit Dominus, religieusement. C'est beau.

mercredi 12 septembre 2012

Jour 4

Mercredi 12 septembre.
22 h 30.

Oui, qu’est-ce que je fous là ? Pas le courage d’écrire ma journée. Rien de transcendant. Joué au golf; parcours magnifique, des greens roulants comme des tapis de billard. Partenaire agréable, prévenant ; il m’a prêté son coupe-vent, j’avais froid, rien prévu de chaud et le vent était très frisquet. Joué comme un pied. Normal. Je joue mal quand je vais mal.

Ce soir au restaurant, à l’hôtel, toujours à la même table d’où j’ai un point de vue stratégique sur le ciel, la mer et sur les clients, j’observais les tables proches de la mienne :

- A ma gauche, le même couple qu’hier, des parisiens, je les ai vu sortir de leur voiture ce soir immatriculée 75. Un couple amoureux, peut-être illégitime, en tout cas heureux de vivre. Un régal de les voir déguster leur poisson qui arrive entier sur le plat, énorme. Ce soir une daurade. Étonnant, le serveur ne lève pas les filets il les laisse se dépatouiller au découpage mais j’ai l’impression que c’est à leur demande. L’homme avec une grande délicatesse ôte la peau du poisson, puis découpe les filets et sert sa compagne. Elle, est étonnante. Si j’étais un homme j’aurais envie de la croquer : une brune à la chevelure frisée, long cheveux indisciplinés. Visage naturel, sans maquillage. Pas jolie, non, seulement belle dans sa façon d’être, de déguster son poisson par petites touches, le gardant en bouche comme un vin (d’ailleurs ils boivent de l’eau), fermant les yeux, puis les ouvrant tout ronds en regardant son amant, une petite moue d’approbation à chaque bouchée, j’allais dire à chaque becquée. Lui, grand sourire, ravi de la voir se régaler. Lui, la cinquantaine, elle la quarantaine.

- Derrière eux : un couple, pas en goguette, légitime à coup sûr. Pas gai gai. En demi-pension comme moi, ils étaient là hier soir et ont le droit au même menu que moi.

- A ma droite un couple : hier soir j’ai cru qu’il s’agissait d’un vieux célibataire avec sa mère. Je ne la voyais que de dos et elle avait l’air d’une très vieille femme, lui pas jeune non plus mais le paraissant, au vu du dos de la femme (voûté, tassé, cheveux blancs jaunasses). Et puis ce soir ils ont changé de côté, du coup j’avais la femme de face. Moins vieille de face que de dos et j’ai compris que ce n’était pas sa mère mais sa femme.

- Plus loin, un couple sorti d’un film étrange : l’un (l’une ?) ressemblait à Elton John en pire, l’autre avait quelque chose dans le visage de Jean-Pierre Chevènement, mais de très loin; il n'avait pas sa prestance et semblait avoir les cheveux teints, comble de la vulgarité (selon moi) pour un homme. Elton John n’était que chairs molles, une moumoute blanche sur la tête, visage sans expression (à la différence du compositeur parfois très expressif), je ne l’ai pas vu parler une seule fois ni hier ni aujourd’hui. Ils séjournent à l’hôtel mais mangent  à la carte. Sont pas fous et sans doute fortunés. Ce matin au petit déj. je l’ai vu debout, grand, large, il paraissait encore plus flasque que dans son fauteuil. J'écris il mais je ne saurai dire si c’est une femme ou un homme.  Ce faux "Chevènement" avait l’air d’un nain cabossé à côté de lui.

J’arrête là le résultat de mes observations, aux autres tables des Allemands. L’hôtel est au trois-quarts rempli par des Allemands. Je remarque une femme élégante, elle ressemble à Marthe Keller et parle avec la même voix, le même accent.

Conclusion, il n’y a que ce couple de parisiens qui m’enchante... et le ciel au soleil couchant toujours aussi beau. Je l'ai pris en photo avant de rentrer dans le restaurant mais c'est vraiment quand il disparaît que le ciel nous offre sa palette supéfiante. Je crois que je ne reverrai pas ce que j'ai vu hier soir, c'était exceptionnel.


Et moi, pauvre pomme, seule à ma table, je mérite aussi sans doute qu’on se fiche de moi. Ce soir, je n’ai pratiquement rien mangé : entrée passable, plat insipide, dessert banal des boules de glace. J’ai les boules.

Déjà trois jours que je suis là, je dois absolument éliminer mes pensées négatives afin de profiter des derniers jours avec enthousiasme. Regarder autour de moi, contempler et me dire que j'ai de la chance d'être là, ça devrait marcher non?

mardi 11 septembre 2012

Jour 3

Mardi 11 septembre.
22 h.

Finalement mon dîner hier soir devant la plage fut agréable. Mon mal de tête s’était estompé après ma douche. J'ai même pu prendre un verre de rosé avec mes moules. La vue était si belle, je ne pouvais pas continuer d’être triste.


Un homme jeune, est venu s'installer face à ma table. Je l'observais seul, attablé, en train de lire un gros livre en buvant du coca avec sa pizza. C’est rare de voir un homme lire un livre. Il avait l’air très absorbé par sa lecture. Je ne pouvais pas voir le titre.


Les moules était très bonnes et bien charnues. Il faisait nuit quand j'ai pris mon café. J'ai quitté ce bistrot agréable et fait une petite promenade digestive dans le centre de Saint Palais. Ces jets d'eau lumineux me rappelaient les "fontaines musicales" d'Evian. Ce doit être un truc à la mode pour les touristes. Celles-ci semblaient un peu "essoufflées"!


 Celles d'Evian ci-dessous... Mon coeur se serre en les voyant.
C'était en mai et j'étais si heureuse là-bas. Pourquoi?



Aujourd’hui j’ai fait une grande promenade à pied le long de la Grande Côte. Au retour j’étais épuisée, en nage, le ciel était couvert et malgré un petit vent l’air était chaud. Je ne me méfie jamais des retours ; je pars et je décide de m’arrêter et de faire demi tour quand je sens la fatigue, c’est trop tard, et je rame pour revenir au point de départ.









Pour en savoir plus sur la promenade du sentier le long de la côte

Ce soir, premier dîner à l’hôtel. La salle du restaurant était pleine quand je suis arrivée mais on m’avait réservé une bonne table, la même qu’au petit déjeuner, avec une vue imprenable sur la baie. J’apprécie cette attention, j’appréhende toujours d’être reléguée dans un coin parce que je suis seule. Lorsque cela m’arrive dans un restaurant, je ne crains plus de demander une autre table et si la réponse est négative je ne reste pas.

Ce soir j’ai vu le plus beau ciel que j’aie jamais vu de ma vie, je me mordais les lèvres de ne pouvoir le prendre en photo mais ç’eût été vulgaire de sortir mon appareil dans un endroit aussi chic. Je me régalais au fil des minutes à l’observer ; une palette de couleurs complète, inimaginable, je n’avais vraiment jamais vu pareil ciel, même pas dans un tableau. Tout d’abord le soleil se couchant, comme n’importe où au-dessus de la mer mais ensuite, après le rouge flamboyant et qu'il se fut enfoui dans la mer,  ce furent des traînées anthracites, mauves, roses, puis bleues, vertes ; ce que je voyais était indescriptible, sauf par un poète : des coups de pinceau, de brosse par l’artiste nature au sommet de son art, déchiraient le ciel. On venait de m’apporter une soupe de poisson excellente dans une soupière en argent ; j’ai arrêté de la savourer pour contempler ce ciel, j’en restais bouche bée, il captait mon regard comme un aimant, j'avais conscience du privilège d’être là, et par le plus grand des hasards.

Je pensais à toi mon aimé ; ces couleurs t’auraient inspiré des « Fenêtres sur ciel ». Quelques minutes avant, encore par hasard, je venais de découvrir un petit mot de ta main dans cette pochette que je n’utilise qu’en vacances pour aller dîner. Je l’ai depuis presque trente ans, elle n’a pas bougé, est indémodable et ce petit mot tu me l’avais écrit lors d’un dîner à Evian. Soudain je n’étais plus seule.

Après la soupe excellente, le poisson qui me fut servi était sans saveur, sec, trop cuit, avec des pommes-de-terre frites très grasses et trois petits cubes de courgettes qui se battaient en duel! Premier soir, je ne dis rien. Dessert : salade de fruits frais. Je rêve! Des morceaux d’ananas et d’abricots en conserve et des morceaux de pommes pour le fruit frais. Premier repas décevant, dans un tel endroit je m’attendais à mieux. Attendons les autres jours…

Ce soir, ce ciel aura suffi pour justifier mon séjour ici alors que quelques heures avant je me disais encore : mais qu’est-ce que tu fais là.

En rentrant dans ma chambre, je me suis couchée, j'ai commencé un roman d'Olivier Adam : Le coeur régulier, lu quelques pages, mes paupières se fermaient, je n'ai pas insisté. Ma fenêtre est ouverte, j'entends la mer, je trouve ce bruit rude, j'essaie de retrouver la douceur du clapotis du Léman... quand le lac est calme. Le Léman ressurgit dans mon esprit, parce que je pense à... eux sans cesse.

lundi 10 septembre 2012

Jour 2

Lundi 10 septembre.
18 h 30.

Nuit d’insomnie avec migraine qui ne m’a pas quittée. Je me demande comment je peux m’activer avec ce mal de crâne qui ne passe pas avec les médicaments. Pris le petit déjeuner au Domaine. Vraiment pas terrible ce qu’ils proposaient au buffet. Puis j’ai bouclé ma valise et suis allée régler. Je dois dire que la propriétaire a tout fait pour tenter de me retenir, de me faire plaisir ; elle était charmante ce qui me culpabilisait d’autant plus. Elle ne m’a pas facturé le petit déjeuner et m’a facturé la nuit sans prendre de dédommagement.

Ensuite j’ai déposé mes bagages à l’autre hôtel, la chambre n’était pas prête avant 14 h et il était 11 h. Je suis partie à Royan ; meilleure impression que l’année dernière. J’ai déjeuné sur la promenade du port, beau temps; je suis étonnée de voir encore autant de touristes, beaucoup de retraités évidemment mais pas seulement. Je marche, je mange, je ne dors pas bien, tout m'est effort... Je suis un zombie.

Retour à l’hôtel, j’étais impatiente de voir ma chambre. Bof ! Déco à revoir, désuète, mais beaucoup de lumière et le balcon donne sur le parc, j’aperçois la mer, il n’y avait pas de chambre de libre face à la mer dans le bâtiment, magnifique. Normal, c’est déjà une chance d’avoir eu cette chambre en étant sur place, sans réservation. Je m’y sens mieux que dans le loft du Domaine. Je ne regrette pas d’avoir fait ce changement. L'endroit est superbe et l'architecture du bâtiment magnifique. On surplombe la côte.

Toujours cette migraine qui me tenaille. Je suis allée prendre un thé au golf de Royan, sans complexe et me suis installée sur la terrasse d'où l'on domine le 18e trou et l'arrivée des joueurs qui terminent leur partie.  Le temps de siroter mon thé j'ai  observé quatre parties. Pas un seul joueur ni joueuse n'a mis sa balle dans l'eau. Zut, ça va me mettre la pression. Ai réservé un départ pour faire neuf trous mercredi. Il a l’air beau et difficile, très vallonné, je vais être crevée à tirer mon chariot.
Sur la terrasse, des habitués qui sont dans leur fief. Je me sens étrangère mais pas intimidée. Il n'y a que des hommes! Le club house serait-il interdit aux femmes? On n'est pas à Saint Andrews pourtant. Le monde du golf est vraiment un monde à part!



De retour à l’hôtel. Me reposer ou faire une promenade? J'opte pour la promenade sur le sentier, le vent va peut-être diminuer cette pression, cet étau dans mon crâne.




Le lundi soir le restaurant de l'hôtel est fermé il va donc falloir que je sorte pour aller dîner. Ce sera léger, une assiette de langoustines ? Mais c’est presque dommage de manger des fruits de mer sans les accompagner d’un verre de bon vin blanc et avec ma migraine, impossible. Celle-ci semble s'être un peu apaisée.

Une douche maintenant…  va-t-elle me laver la tête?


dimanche 9 septembre 2012

Jour 1

Dimanche 9 septembre.
22h.

Six heures et demie de route, trois arrêts inclus. Le Domaine est magnifique, l’accueil charmant mais grosse déception en arrivant dans le « loft » : sombre, pas de fenêtre, seulement une porte-fenêtre qui donne sur le jardin, pas du tout privatif ; impossible donc de dormir la porte ouverte. Il fait chaud dans l’appartement. Tant pis, je vais laisser la porte ouverte et dormir du côté du lit où on ne me voit pas par la porte.

Ma déception est tellement grande, je ne m'imagine pas dans cette petite cuisine/salon faire ma tambouille et regarder une télé minuscule; la télé je ne la regarde pas mais ce cube antique me fout le bourdon. Déjà que je vois tout en noir depuis des semaines... L’hôtel, attenant aux appartements, très beau, ne fait pas restaurant ; c’est pour cela que j’avais opté pour une location loft ne me sentant ni l'envie ni le courage de chercher un restaurant midi et soir. Déprime assurée. Je dépose mes bagages dans la pièce, je ne les défais pas et je pars en quête d’un autre hôtel, restaurant. En arrivant j’avais repéré un belle bâtisse sur la côte, surplombant la baie. J’y vais, c'est bien un hôtel. L'entrée est majestueuse. Je me gare. A l'accueil je demande s’ils auraient une chambre pour la semaine. Possible à partir de demain, une chambre dans leur cottage, avec vue sur la mer. Tout est complet dans le bâtiment principal. Je dis OK. De toute façon c'est la chambre la moins chère et je n'aurai pas pu séjourner dans la gamme supérieure. L'environnement suffit à remonter mon moral.

Je reviens au Domaine et préviens la propriétaire que je quitte le loft demain parce que je suis déçue ; je n'avais pas envie de mentir, d'inventer un départ impromptu pour une quelconque raison; je me confonds en excuses et lui annonce mon départ pour le lendemain. Elle est vraiment conciliante et charmante, ne peut rien me proposer d’autre, l'hôtel est complet. C’est moi qui suis tout de même fautive; entretemps elle avait déposé une bouilloire et une jolie théière sur la table de la terrasse. Je vais peut-être regretter ma décision finalement. Je verrai bien ; je vais tellement mal depuis des semaines et me retrouver seule dans ce studio me déprimerait. L’hôtel que j’ai déniché est très beau et pas besoin de prendre ma voiture pour me balader le long de la côte.

Je vais me coucher… les kilomètres de route m’ont soûlée et je viens de dîner dans un restaurant avec vue imprenable sur la plage et la Grande Côte : Le Petit Poucet. Le repas était nul et le service aussi.

Demain c'est ici que je dînerai et dormirai, bercée par le ressac.





samedi 8 septembre 2012

De, l'envie

On peut avoir envie d'une chose et ne pas pouvoir l'obtenir.
On peut avoir envie de faire une chose et ne pas vouloir la faire.

Avoir envie ne signifie pas pouvoir, ni même vouloir.
Le pouvoir a besoin de se concrétiser dans la réalisation.
Le vouloir devient un critère de la volonté.

J'ai envie de mourir et je ne peux pas.
J'ai envie d'arrêter d'écrire et je ne peux pas.
J'ai envie mais je suis dans l'impossibilité de.

J'ai envie de mourir et je ne veux pas.
J'ai envie d'arrêter d'écrire et je ne veux pas.
J'ai envie mais je n'ai pas la volonté de.

Dans tous les cas je suis dans l'expectative, mais l'envie de. reste une certitude. Cependant je suis en-vie.

"C'est être malheureux que de vouloir et ne pouvoir."
Blaise Pascal.

"A trop vouloir analyser, on tue l'émotion."
Jean-Loup Sieff.


Photo Jean-Loup Sieff.

jeudi 6 septembre 2012

Cette race veut l'infini


« Le trait caractéristique de la race bretonne, à tous ses degrés, écrit Renan dans Souvenirs d'enfance et de jeunesse, est l'idéalisme, la poursuite d'une fin morale ou intellectuelle, souvent erronée, toujours désintéressée. Jamais race ne fut plus impropre à l'industrie, au commerce. On obtient tout d'elle par le sentiment de l'honneur; ce qui est lucre lui paraît peu digne du galant homme; l'occupation noble est à ses yeux celle par laquelle on ne gagne rien, par exemple celle du soldat, celle du marin, celle du prêtre, celle du vrai gentilhomme qui ne tire de sa terre que le fruit convenu par l'usage sans chercher à l'augmenter, celle du magistrat, celle de l'homme voué au travail de la pensée. »

"Cette race veut l'infini"
Sainte-Beuve

"On a écrit des choses délicieuses sur l'imagination bretonne.
« Comparée à l'imagination classique, dit Renan, elle est vraiment l'infini comparé au fini ».
« On ne saurait vivre longtemps avec le peuple breton, continue A. Le Braz, sans être frappé de ce qu'il a dans l'âme de fin, de rare, et parfois d'exquis.""

(Source : André Loyen, Persée, revue scientifique).

C'est en faisant une recherche sur les possibilités d'attribuer une origine mongole aux habitants du pays bigouden, que j'ai découvert ce texte : L'âme bretonne. Un opuscule de vingt pages, à lire, pour découvrir cette âme si forte et si mélancolique que de nombreux écrivains ont tenté de comprendre, d'analyser : Chateaubriand, Renan, Michelet, Hérédia, Loti, Flaubert, Taine, Barrès mais qui peut mieux qu'un Breton parler de son âme? Anatole Le Braz et Charles Le Goffic sont  sans doute ceux ont su, au plus près, en saisir l'insaisissable.