samedi 19 octobre 2013

Voluptueux voyage



"Ce serait deux amies, deux rivales, deux sœurs, chacune serait pour l’autre à la fois son double et son contraire. Elles partiraient en voyage : balade dans le plaisir et les désirs, la féminité et l’amitié."

Le film présente deux récits emboîtés : le récit du voyage en Provence pour chercher une maison, et dans ce récit premier, des récits intégrés, fantasmés ou vécus par Hélène (Dominique Sanda) ou Lucie (Géraldine Chaplin).

Difficile classer ce film dans un genre : comédie dramatique ?  Je le classerais dans un cinéma intimiste. Michel Deville excelle dans les pensées intimes des femmes. Profondeur de la légèreté, esthétisme des images et deux comédiennes merveilleuses. 










Je l'avais vu pour la première fois dans les années 80 et je me souvenais de la fraîcheur, de la liberté qui se dégageaient, de cette escapade en Provence au cours de laquelle elles se remémoraient (ou fantasmaient) leur enfance. Et, au fil des images, de l'histoire, la mienne (de mémoire) s'était remise en route. J'étais étonnée que tant d'années se fussent écoulées, j'avais l'impression que je venais de le voir, que je vivais en 1980; il était toujours si moderne, c'était un film intemporel. Si j'avais eu envie de le revoir c'était  bien sûr pour Dominique Sanda et Géraldine Chaplin mais aussi pour ces scènes*, précisément, restées vives dans mon esprit.
Je me souvenais du « Tadaaa tadaaa » malicieux de Lucie quand Hélène la prend en photo. J'adore cet instant mêlé d'audace et de pudeur. Quelques années plus tard, mon aimé m’avait offert une jupe rouge (nous avions vu le film ensemble) en me disant : la même que Géraldine ! Je l’avais taquiné en lui demandant s’il voulait aussi me prendre en photo…
J'avais un peu oublié la fin, moins légère, plus dramatique. Mais peut-être était-elle, aussi, fantasmée par Lucie, comme l'était ce "billet de banque froissé"?

Vidéos ci-dessous, filmées sur mon écran, "définition dégueulasse" comme dirait... mais elles sont introuvables sur la Toile. 




 




Roger Régent écrivait en 1979 dans La Revue des Deux Mondes :

"Nous venons de voir l’un des films les plus curieux et les plus passionnants que le cinéma nous ait donné depuis longtemps : Le voyage en douce de Michel Deville.
Il n’appartient à aucun des genres répertoriés jusque-là dans l’esthétique cinématographique, et sa conception, sa construction, son écriture témoignent de la part de son auteur d’une originalité et d’une curiosité artistique dont on connaît peu d’exemples chez nous.
Seul Ingmar Bergman s’est avancé aussi loin dans l’exploration de l’âme des femmes."