dimanche 27 juillet 2014

Une "menière" de vivre...

Longtemps j'ai vécu seule, souvent avec mélancolie, parfois avec une certaine joie de vivre cette indépendance, cette liberté.
Aujourd'hui je vis avec un sale type, un méchant compagnon : Prosper Menière. Il bousille ma vie. 
Toujours j'ai souhaité que ma vie ne se prolonge pas trop longtemps mais aujourd'hui je voudrai qu'elle s'arrête.

Le spécialiste (réputé) que j'ai consulté l'année dernière à la même époque, je l'ai revu jeudi, mes crises de vertiges étant de plus en plus rapprochées. Cette fois il a bien diagnostiqué : maladie de Menière et, comme si ça ne suffisait pas, associée aux vertiges positionnels "qui sont deux choses différentes" a-t-il précisé en poursuivant : "Menière, on n'en guérit pas. On vit avec. On essaie de gérer." On n'en meurt pas, malheureusement, sauf si... je... n'en peux plus...

Alors, me voilà obligée d'ingurgiter quatre molécules différentes, trois fois par jour, plus un morceau de la fameuse barrette, le soir. Quant aux effets secondaires de cette batterie de médicaments, le spécialiste évite d'en parler, la liste est si longue.  Ce qu'il n'a pas arrêté de m'asséner c'est : Menière ON-N'EN-GUERIT-PAS! Ce n'est pourtant pas l'avis du Professeur Chays : (écouter à partir de la minute 46:30).

De plus, suppression du sel, du café, du vin (il ne me l'a pas dit mais ça c'est déjà fait depuis la dernière crise il y a un mois). Une vie sans sel, sans petit noir c'est tout vu pour moi pour voir la vie en noir. De toute façon avec toutes ces molécules je vais être atone et stone alors franchement, vivre comme une morte-vivante, très peu pour moi. Et, évidemment, plus de projets d'aucunes sortes, Menière entre sans prévenir et sans frapper à la porte au moment où tout semble aller mieux... et, chaque nouvelle crise ne sera JAMAIS la dernière. Quel compagnon insupportable!

Après la manipulation de jeudi, je m'applique à suivre les recommandations (sauf que j'ai repris le volant sans me faire conduire... et je ne me rase pas sous le menton (0_0))... je me tiens droite comme un piquet avec ma minerve mais dès que je l'enlève j'oublie. "Dormez avec, sur le dos, en position relevée à 45°" m'a-t-il dit! Porter une minerve au lit, j'ai déjà l'impression d'être dans la boîte en sapin! D'ailleurs il est temps que je pense à l'urne...


Après la consultation, moral en berne, un peu (même beaucoup) de glycérine aux mirettes (expression de mon bien-aimé), je suis allée pour m'apaiser boire un thé au port de plaisance. A l'ombre et en lisant Rachel et autres grâces de Emmanuel Berl, je retrouvais un soupçon de bien-être. Je levais le nez de temps en temps et contemplais cette plage près de laquelle dans ma jeunesse nous venions dans un bar - qui n'existe plus - jouer au bowling.



Je décidais alors d'aller faire une petite promenade jusqu'au bout du quai et sur la jetée. 



Il faisait chaud, très chaud. Je n'avais pas envie de rentrer tout de suite et de faire une heure de route. Je décidai de rester dîner au Tour du Monde. La terrasse était pleine et très animée, le serveur me trouva une table à l'ombre. J'étais seule, vieille parmi la foule, la jeunesse. Le poisson était bon; avec un doigt de vin blanc il eut été très bon; avec de l'eau pétillante, y a que dans le verre que ça pétillait, pas dans mon sang. La lumière du soir sur les bateaux et le Pont de Plougastel était exceptionnelle, mon enthousiasme de contemplative était intact, le soleil descendait du ciel comme un ange... L'instant occulta mes idées noires qui devinrent saumonées, comme le ciel.




Cependant je repris le chemin du retour alors qu'il faisait encore jour, avec les mêmes angoisses et l'idée insupportable que ce sale compagnon ne me lâcherait plus. J'arrivais chez moi dans la nuit; le Festival de Cornouaille battait son plein.

J'ai décidé de suivre le traitement prescrit pour six mois pendant un mois et voir si mon système digestif, ma tête tiennent le coup, si je ne deviens pas un zombie.

Dans un mois... le sort en sera jeté!

D'ici là, je n'écrirai pas ici, l'écran ne faisant qu'augmenter la fatigue, voire quelques symptômes.  Une déconnexion n'est pas superflue.

samedi 19 juillet 2014

Mélancolique et drôle : vivre en "pré-deuil"

L'été c'est aussi le moment de lecture des magazines, d'articles de journaux sur lesquels je ne m'arrêterais pas a priori, je m'attends à du futile et, surprise, je lis parfois aussi de jolies pensées, avec lesquelles je me sens en phase, comme ici, dans un article signé Marie-Laure Delorme : Héléna Noguerra, Rester dans la marge.

Helena Noguerra en interview pour Non Stop People

Helena Noguerra

(Lien pour les lecteurs qui - comme moi - la connaissent à peine 
mais je doute qu'il y en ait (0_0))
"Mes parents étaient des anarchistes post-soixante-huitards. Mon père m'a élevée dans l'admiration de Bergman et de Pasolini. Il aurait aimé que je sois Marguerite Duras. Mon père n'est pas attiré par ce qui brille. Il n'aime pas être le sujet de la façon dont je me mets en avant. Car moi parlant de lui, c'est du spectacle : une manière de me mouvoir dans la lumière, d'enjoliver mon caractère, de réécrire mon histoire."
Elle aime qu'on dise d'elle qu'elle est folle. Les codes et les modes l'encombrent. Elle a posé nue et le regrette.
"J'ai posé nue après 40 ans pour montrer que la femme pouvait toujours être désirable à cet âge-là. Je me suis piégée moi-même et je ne le referai plus. Je lis les magazines féminins et je constate que les femmes en sont toujours au même point. On leur explique comment plaire aux hommes : rester jeunes et jolies ; tailler des pipes ; préparer de bons petits plats. J'attends qu'on demande à Vincent Lindon sa liste de produits de beauté pour la sortie d'un film."
Les formes sociales du succès sont l'argent et l'apparence. Elle connaît la vulgarité de l'un et la fragilité de l'autre. 
"Je peux gagner en une journée dix fois la retraite de mon père".
 "La beauté libère et aliène : comment vais-je vivre sans? J'ai peur de vieillir. La place de la femme reste liée à son sex-appeal. Je serai peut-être une belle vieille dame, mais au prix de quelle solitude? Les femmes âgées sont abandonnées comme de vieux chiens sur la route. J'en ai toujours eu conscience, mais je l'approche maintenant de manière organique. J'espère que le temps qui passe va, au moins, m'apprendre à lâcher des choses."
Helena Noguerra est mélancolique et drolatique à un point extrême. Elle avoue vivre en "pré-deuil" dans une boulimie et une énergie de choses à faire. 
"Chaque jour est un bon jour pour mourir. Ça va aller très vite. Alors, je veux vivre toutes les vies possibles."
Elle aimerait mourir, telle Françoise Giroud, qu'elle admire, à l'âge de 86 ans."*
* C'est étrange, c'est aussi ma référence d'une belle mort.


mardi 15 juillet 2014

De l'importance de l'ID dans l'art



Né à Genève en 1985, 
il vit et travaille aujourd'hui à Londres.






Pour rester dans le contexte et le style de notre époque, je dirais : J'aime!
Mais on a le droit de ne pas aimer et même de se gausser :-)
Chacun est libre de ses j'aime ou j'aime pas.

Et mes petits canards sur la rivière le 14 juillet, je les aime aussi (°_-)
La surprise fut l'arrivée d'une autre portée dans l'autre sens...



 
Durant cette promenade du 14 juillet, loin de la foule, découverte originale à côté des cuisines d'un restaurant gastronomique, dans l'arrière cour. J'ai toujours pensé que les cuisiniers étaient des artistes 



Mon Bordeaux préféré!

mercredi 2 juillet 2014

Des (dé)raisons de vivre

Jeudi 19 juin.

Tout va bien donc d'après l'IRM.
Déjeuner délicieux avec ma nièce, en vacances ici pour dix jours. Elle n'en revient pas de ce soleil breton... C'est la première fois que nous déjeunons en tête-à-tête; un moment de détente surtout pour elle, arrivée fatiguée avec ses deux petits enfants.





Puis je l'accompagne jusqu'à la thalasso où elle va se faire masser, cadeau de sa mère.
Je poursuis ma promenade seule, avant de rentrer et profite du temps, beau et pas encore trop chaud, quoi que... déjà trop pour moi.

Vendredi 20 juin.

Belle matinée. Me sens en forme, puis vers 16 h mal au crâne.
Chaleur torride. Migraine s'installe. Ce soir je dois pourtant rejoindre mon amie pour une balade apéritive suivie d'un dîner en terrasse sur le port de l'île Tudy. Je ne vais pas annuler, nous avons tant de mal à organiser nos rendez-vous. Je me dope à ce que je peux : paracétamol puis aspirine, masque gel sorti du réfrigérateur. Léger soulagement. Je me prépare sans enthousiasme, j'ai trop chaud, je mets des vêtements amples. J'y vais. Je suis épuisée. J'ai tenu le coup, pour la balade et le dîner, je n'ai bu que de l'eau; le spectacle des bateaux sur une mer d'huile au soleil du soir (pas encore couché) est si beau...

Dans la nuit premiers symptômes... (Je n'aurais eu qu'un mois et demi de répit).

Samedi 21 juin.

A peine assise pour me lever, je retombe sur mon lit, le plafond tourne. La crise commence, dure, violente. Angoisse, désespérance. Chaleur torride dans l'appartement. Nausées. SOS médecin en fin de matinée. Injection, piqûre. 
Impossible d'avaler quoi que ce soit, même l'eau... Maux de tête. Horrible journée.

Dimanche 22 juin.

Idem! Vertiges, nausées. Rien mangé, peu bu. A 23 h, SAMU. Hypertension, déshydratation. Les Urgences, nausées persistantes, on me dirige vers un box, puis perfusions. Nuit sur un brancard, dur, sans oreiller. Douleurs dorsales. Dos, tête, vertiges, nausées. La totale. Plus de forces. Envie de mourir, pour de bon.

Lundi 23 juin.

Matin. Je demande à rentrer chez moi, les perfusions m'ont réhydratée, je n'en peux plus sur le brancard. Médecin accepte, évidemment. Je tiens debout, état d'ébriété. J'ai l'habitude, les crises sont récurrentes. Une infirmière, à ma demande, me commande un taxi, à mes frais me dit-elle. M'en fous mais ce n'est pas normal dans mon état. J'ai encore une nausée... Je n'ai rien dans le ventre depuis vendredi soir.
J'attends le taxi trois quart d'heures. Je craque. Je pleure.
Retour à la maison. Je mange un demi yaourt et je m'allonge.
Nuit sans nausées. Mal de tête passé.

Mardi 24 juin.

Enfin un petit déjeuner qui passe. Il faut que je mange. Je veux aller à l'aéroport demain matin pour leur dire au revoir... Je me repose.

Mercredi 25 juin.

9 h 30. J'arrive, elle est là avec sa mère et ses enfants. Elle me dit : t'es folle, tu aurais dû rester au lit, laisse ton corps se reposer (elle est infirmière, comme sa mère, ma sœur). La petite fille est excitée et on annonce du retard, grèves. L'avion partira avec deux heures de retard mais elle aura sa correspondance pour la Guadeloupe.  Ça c'était il y a deux ans.

Aujourd'hui, elle a grandi et a un petit frère de 9 mois. Encore plus éprouvant pour la maman ce long voyage.






 

 

Au revoir les enfants, bon voyage et à l'année prochaine...
Voilà, j'ai fait la reporter-photographe : raison de vivre?

Jeudi 26 juin.

Je me nourris, je me force pour prendre des forces. Je cherche en permanence des raisons de vivre. Je m'accroche à la nature, à la musique. 
Vais à la pharmacie, rupture de stock national de Vogalène et Vogalib. Panique! Vais demander autre chose à ma toubib.
Puis je m'arrête pour prendre un thé au bord de la rivière : raison de vivre! 

Vendredi 27 juin.

Rendez-vous chez ma nouvelle toubib. Elle m'écoute, me répond, me questionne; un vrai échange. Je lui remets mes directives anticipées. Elle semble de mon avis... On en discute longuement, je lui en parle sérieusement avec légèreté et humour. Elle sourit mais n'est pas dupe. Je lui dis : vous ne devez pas avoir beaucoup de patients qui vous parle comme ça. Elle me dit : non, personne et elle me sourit. Elle a un visage sans beauté particulière mais son sourire illumine tout et lui donne une grâce au-delà de la beauté. Je la trouve merveilleuse. Je suis heureuse de l'avoir trouvée. Au laboratoire lorsque je leur ai donné le nom de mon nouveau médecin traitant on m'a dit : - mais, le DR. X ne prend plus de patient? - Eh bien si, elle m'a acceptée. - Vous avez de la chance, elle est très efficace. 
Oui, j'ai eu de la chance... ça m'arrive rarement.

Samedi 28 juin.

Il pleut. Pluies d'orage.
Pu lire un peu. Terminé  Sylvia de Emmanuel Berl. La littérature qui me touche, qui me correspond, des sujets essentiels la vie, la mort, l'amour, la solitude. La littérature : raison de vivre? Un peu mais insuffisant.

Dimanche 29 juin.

Toujours des pluies d'orage. Repassage en écoutant Le Gai savoir. Sujet : Voyage au bout de la nuit de Céline. Ça me va...

J'ai faim.

Lundi 30 juin.

Séances de cinéma jusqu'à mercredi à 3,50 euros. Je vais voir Bird People de Pascale Ferran. Critiques majoritairement positives. Beaucoup aimé la première partie, celle de Gary. Suis pas rentrée dans la seconde celle de Audrey, trop long, pas ressenti cette poésie dont on parle. Bon, ne pas se fier à mon jugement, sans doute... et sans valeur.

Mardi 1er juillet.

Chercher des raisons de vivre. Parvenir à vivre, sans chercher de raisons.  Je cherche des chaises de salle à manger, les miennes sont défoncées, toutes les quatre. Pourtant je les aime bien. En attendant j'ai trouvé sur le Net des galettes pour cacher la misère! Depuis mes recherches de chaises sur le Net je suis assaillie de pub... Je reçois même des mails de propositions avec mon patronyme!!! C'est dingue, comment connaissent-ils mon nom. Merci la confidentialité.

Mercredi 2 juillet.

11 h. Je pars faire neuf trous, ça me manque trop. Je suis pourtant légèrement vertigineuse. Je mets ma casquette, le soleil tape déjà fort. Peu de monde sur le parcours, je peux faire une petite pause et me prendre en vidéo pour vérifier mon swing.

Va falloir que j'achète un nouveau pantalon. Hum! Bouh! Vilain backswing mais bonne traversée. Bonne idée de se filmer, il faut que je corrige ma montée, là je ne joue qu'avec les bras, au lieu de tourner les épaules et le torse. Ah mais! il y a 25 ans je n'avais pas d'arthrose!
Ces neuf trous m'ont fait du bien mais je n'aurais pas pu faire plus.

 Sur le parcours : raison de vivre!