samedi 21 mars 2015

"... le monde n'est rien d'autre qu'un asile"


http://farrellgrehan.com/wp-content/uploads/2012/11/Grehan-Durrenmatt-0212.jpg

Crédit photo : Farrell Grehan

"La littérature suisse en langue allemande du 20e siècle marche sur deux plumes majeures. Max Frisch et Friedrich Dürrenmatt."

 

Max Frisch und Friedrich Dürrenmatt in Rüschlikon, 1968. Foto: Pia Zanetti

"L’écrivain, dramaturge et peintre suisse Friedrich Dürrenmatt, disparu il y a vint-cinq ans, a été sans nul doute l’un des plus brillants esprits de son temps. Un portrait riche d’archives et de textes partiellement inédits" de Sabine Gisiger diffusé sur Arte il y a quelques semaines et qu'on  peut encore revoir ici. Passionnant.

"Ouvert au monde et à l’universel, observateur infatigable de l’absurde, partisan d’un humour distancié et maniant avec brio symboles et paradoxes, le Suisse Friedrich Dürrenmatt (1921-1990) n’hésitait pas à en découdre avec sa patrie qu’il qualifiait parfois de prison. Régulièrement montées sur les scènes européennes, ses célèbres pièces de théâtre comme La visite de la vieille dame et Les physiciens ou ses romans, Le juge et son bourreau, Le soupçon ou La promesse, traitent de sujets qui n’ont rien perdu de leur actualité : justice et injustice, pouvoir et sentiment d’impuissance, violence et pardon. Ce film propose un nouvel éclairage sur la vie et l’œuvre de l’auteur helvète à travers des témoignages personnels jamais publiés, ainsi que de nombreux extraits de films et d’émissions de radio et de télévision. Autant de séquences passionnantes pour écouter Dürrenmatt parler de lui-même ou de ses œuvres, et livrer un diagnostic sans appel sur son temps".

Ci-dessous quelques réflexions de Friedrich Dürrenmatt tirées de ce film-documentaire. Elles ne remplacent pas le plaisir de voir et d'écouter Dürrenmatt.

"Je me suis marié et en même temps je suis devenu écrivain et j'ai fondé une famille.
Tout homme a besoin d'avoir des responsabilités; une charrette qu'il lui faut tirer et qui lui donne de l'entrain.
[...]
Je suis diabétique depuis 25 ans. je peux vous dire que quand on passe sa vie à combattre une maladie on est parfois affreusement épuisé. Mais je ne cède jamais au désespoir, au contraire : le mal et la folie en ce monde continuent de me griser.
[...]
J'ai peu de contact avec autrui, j'ignore pourquoi, peut-être cela tient-il à moi.
Aujourd'hui je n'ai plus de charrette à tirer. Le bon côté de la chose est que je prends à nouveau plaisir à travailler.
[...]
Je crois que la dernière tentative d'appréhender le monde de manière objective reste l'humour. L'humour c'est quoi? Tout simplement prendre de la distance, prendre du recul. Si Dieu existe, il doit avoir énormément d'humour et éprouver une folle joie à faire voler des mondes en éclat, comme un enfant qui joue avec ses soldats de plomb tout en leur faisant la morale. Non! Je crois qu'il se réjouit à la vue de ce spectacle, et tout être créatif ressent inconsciemment la même chose.
[...]
J'ai écrit deux pièces de théâtre sur des asiles de fous. Pour moi le monde n'est rien d'autre qu'un asile. Il y a bien plus de fous qu'on ne l'imagine. On est de toute façon fou; je suis un fou qu'on tolère.
[...]
On croit toujours que l'écrivain est convaincu de bien écrire, mais il n'en est rien. Il continue d'écrire, dans l'espoir d'y parvenir. En réalité l'écriture est liée à tant d'échecs, et dans mon cas à un tel sentiment d'infériorité que, il me met dans un état d'incertitude permanent. Je me demande encore si j'ai choisi le bon métier. J'ai parfois le sentiment que j'aurais dû devenir peintre. 


Friedrich Dürrenmatt, La Catastrophe (ou Catastrofe), 1968

Une voie ferrée passe au-dessus d'un défilé communiste et le tout s'effondre sur une église. La Catastrophe est technologique, idéologique, religieuse et, tout en haut, cosmique. Nous nous construisons un monde de catastrophes inéluctables.

De quelle maladie souffrons-nous? Il faut que nous ayons le courage de ne pas rester à la superficie et d'établir un diagnostic sur notre cas, sur le cas de l'humanité. Il existe une profonde contradiction entre notre connaissance et notre manière d'agir, mais nous n'en faisons pas bon usage. Au fond, nous sommes toujours restés les mêmes. 
 [...]
Je ne connais aucun peuple qui soit plus trouillard que les Suisses. Je suis convaincu que la Suisse n'aurait pas besoin d'une armée car les catastrophes sont mondiales. Un petit État ne peut pas se noyer car il remonte invariablement à la surface, tel un bouchon de liège. Les Suisses sont un peuple antédiluvien qui ne cesse d'attendre le déluge. Être Suisse me donne le doit d'être critique envers la Suisse. Je ne la vois pas si idyllique que ça. Son côté idyllique n'est qu'une façade.
[...]


Friedrich Dürrenmatt, 1966
Ultime Assemblée Générale d'un Établissement bancaire fédéral

La question qui se pose est celle de la morale de la société : la liberté peut-elle exister dans une démocratie de gangsters? La démocratie est-elle possible entre gangsters? Je ne parle pas de gangsters de Chicago, simplement de gangsters du monde des affaires où chacun ne pense qu'à son propre profit. La démocratie est-elle encore possible dans ce contexte?
[...]
Le temps de la belle peinture est révolu. A l'image du monde sacré de la littérature, la peinture sacrée n'existe plus. Le sacré et sacrément passé.
[...]

(Ensuite Dürrenmatt aborde la question du théâtre et parle de ses pièces, dont,
Les Physiciens :
"Bienvenue à la clinique psychiatrique « Les Cerisiers ». Trois patients y sont enfermés. Ils sont tous les trois physiciens. L'un se prend pour Newton, l'autre se prend pour Einstein, le troisième s'appelle Möbius et prétend avoir des visions du roi Salomon. Hasard ou coïncidence ?"

La visite de la vieille dame dont il dit :  je ne peux plus la voir. C'est la dernière pièce que j'aie écrite, j'y joue avec moi-même, j'y joue avec le temps. 
(Cette pièce sera en "tournée" en Suisse du 17 avril au 24 mai 2015).

[...]
La matière que l'on n'a pas écrite foisonne en soi. C'est comme une pierre que l'on traîne et dont il faut se libérer Il faut faire un grand ménage.
[...]
Perdre sa femme est une grande déchirure mais la vie continue, il faut s'y résigner. Il y a des choses auxquelles on ne peut tout simplement pas échapper alors il faut l'accepter, on ne peut pas faire autrement.
La mort bouleverse tout, le passé ne va plus de soi. Pourtant, plus nous nous éloignons de quelqu'un que la mort a arrêté dans le temps, plus cette personne prend forme dans notre souvenir.
Nous comprenons plus facilement les morts que les vivants car nous les modelons à notre image, avec beaucoup moins de retenue.
La mort est le moteur de l'évolution.
[...]
Ce fut un grand soulagement pour moi lorsque je compris que la vie n'a pas besoin d'avoir un sens, que c'est le devoir de l'homme de lui en donner. Qu'il est libérateur de savoir que le sens ne dépend que de l'homme, de moi-même."


 

mardi 17 mars 2015

Ne jamais se fier aux statistiques. Non mais!

Curieuse de savoir le nombre de visites de mon blog en une semaine quelle ne fut ma surprise de voir les Etats-Unis en tête. Je n'y crois pas un seul instant, ce doit être un bug d'autant que ces visites auraient eu lieu en une seule journée, le 15 mars! Des espions ? Des hackers? (0_0)
En temps "normal" la moyenne de mes visiteurs, par jour tous pays confondus - la France étant largement majoritaire -, se situe entre 150 et 200; parfois 300 les jours exceptionnels. Merci à eux...


Graphique des pays les plus populaires parmi les lecteurs du blog

 Graphique représentant les consultations des pages Blogger

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vendredi 13 mars 2015

... une sorte de tremplin à ma nostalgie




"Le silence des nuits de Soye était angoissant. Trop loin des routes, des agglomérations, du village lui-même, du chemin de fer dont le fracas sur les rails m’emportait ailleurs, les bruits nous parvenaient très étouffés lorsque le temps était à la pluie. J’allais chercher un silence plus pur encore sous les draps de mon lit, dont les proportions étaient si vastes que les cauchemars ne m’en désarçonnaient pas. Je m’étais attaché, mais elle ne s’en douta jamais, à une chouette qui ululait sur la branche de l’arbre proche de nos murs. C’était un hêtre roux de qui le moindre souffle d’air tirait plaintes et soupirs.
J’écoutais avec une attention extrême tous ces bruits. En m’endormant, je les emmenais dans mes rêves où ils se résorbaient en cris, peurs, musique, tout dépendait de quel pied j’étais entré dans l’univers des songes. Quand je n’arrivais pas à trouver le sommeil, je poussais mon fauteuil devant la fenêtre donnant sur le vallon. S’il y avait lune, je lisais le paysage, je suivais l’inquiétude du chien de la ferme qui allait et venait dans la cour. J’espérais que la grange sur la falaise d’en face laisserait passer, à travers sa porte fermée, les rais d’une lumière qui me dirait qu’on s’y aimait. Quand la lune était absente, tout se perdait dans le fusain nocturne, sauf les papillons qui allaient se brûler autour de la lampe du carrefour, créatures aussi soyeuses que le silence lui-même.
Je ne serais pas franc si je n’avouais pas que, parfois, la solitude et le silence m’accablaient. Je serais volontiers descendu au village pour serrer la main à quelqu’un, ramener une créature dans ma chambre. Au bout de ce désir, il m’arrivait de céder à un certain plaisir. Pour l’éloigner, j’entonnais une mélopée de plain-chant, et je retrouvais ma pureté. 
J’avais le mal du pays. Je m’attristais d’être éloigné des montagnes. Des images de sommets, de glaciers, se superposaient aux lieux où j’étais. Le paysage de Soye devint même une sorte de tremplin à ma nostalgie. Sur l’horizon j’inscrivais le spectre du Cervin, sur la forêt des Ardennes, les sapins du Jura, sur les bégonias des massifs, les gentianes intensément bleues et courtes des alpages. Dans un verre de vin blanc français je voulais reconnaître un cru du Valais, au bord de la Lesse, les peupliers droits du bord de la Dranse à Martigny, dans la baignoire, l’eau fraîche d’une fontaine ou d’un torrent. Cette méthode pour métamorphoser la réalité devint un système dont mon esprit connaissait bien les rouages. Puis, la tristesse de n’être pas là-bas, chez moi, s’atténua, comme une douleur guérie qu’on ne peut plus raviver. J’avais la possibilité de manœuvrer ma sensibilité, ce qui était toute ma richesse." 

Pages 63-64 

Georges Borgeaud, in Le Voyage à l’étranger, éditions Grasset 1974.

jeudi 12 mars 2015

Journal : il n'y a pas de passion sans tourment

En immersion avec la famille Mann depuis quatre jours, trois films passionnants où s'entremêlent les personnages de la fiction et les documents réels sur Thomas Mann et les siens. Une des filles de Thomas Mann, Elisabeth Mann-Borgese, accompagne tout le film et témoigne avec beaucoup de pudeur de leur vie, intense et souvent tourmentée  :


A voir, dans l'ordre évidemment.

"Habile mélange de genres, entre fiction et documentaire, ce téléfilm alterne scènes jouées, documents d’archives et entretiens. Élisabeth Borgese-Mann, la benjamine des filles Mann, née en 1918, fait fonction de narratrice principale et sert de guide aux trois épisodes. Pour ancrer sa trilogie dans un cadre historique authentique, Heinrich Breloer a passé deux ans à interviewer quelque soixante personnes dont le destin a croisé, à un moment ou à un autre, celui de la famille Mann. Les scènes reconstituées ont été filmées à Almeria, Zurich, Lübeck et Munich, dans le sud de la France et dans les studios de la WDR à Cologne."
Le hasard (enfin non pas le hasard) m'a dirigé ensuite vers la RTS et une émission de Charles Sigel : Klaus Mann.

Mercredi 11 mars.

Je n'ai plus de courage, de force, d'énergie pour écrire mon journal. 
Vu la semaine dernière : Le dernier loup de J.J. Annaud. Regrets de ne pas l'avoir vu en version chinoise. Entendre des Chinois parler français me décevait, c'était incongru; je regarde beaucoup de films asiatiques en V.O. sous-titrés français, c'est incomparable. Un très beau film.
Terminé Soumission de Michel Houellebecq. Moins aimé que les précédents même si, toujours, qualité de l'écriture. Un thème qui ne me passionne pas ou plutôt je fais systématiquement un rejet quand les médias nous submergent de débats sur un sujet, un événement d'actualité. Il est probable que j'aurais été plus intéressée si ce livre était sorti avant les événements du 7 janvier. Je me demande ce qui peut me passionner aujourd'hui.
Découvert un écrivain : Georges Borgeaud; lecture en cours de cet auteur : Le Voyage à l'étranger (prix Renaudot en 1974). Me plaît beaucoup, plus que beaucoup. L'ai fait remonter du sous-sol de la médiathèque! Pour le centenaire de sa naissance viennent d'être publiées ses Lettres à ma mère.
Je parviens encore entre les journées vertigineuses ou migraineuses à sortir de la torpeur, à bousculer la fatigue. Efforts énormes, chaque jour, pour vivre la journée. Comme samedi dernier, pour me rendre à cette manifestation.
Tout me pèse. J'ai perdu ma joie de vivre. 
Ai passé mon temps à annuler et reporter des rendez-vous.
Ai tout de même pu jouer au golf hier et aujourd'hui en évitant de bouger la tête. Résultat? Excellent pour le jeu.
Le golf, mon bien-être. J'y oublie tout, même et surtout mon envie de mourir et puis, je te vois dans le ciel quand il y a un nuage ou dans une traînée blanche d'avion, tu me souris, tu m'encourages... à vivre (non c'est pas vrai, je mens).



dimanche 8 mars 2015

Journal

Mardi 3 mars.

J'avais une heure de route à faire. Ma minerve autour du cou m'obligeait à tenir ma tête bien droite et mes rétroviseurs extérieurs suffisaient pour voir les voitures arriver et pour doubler, si nécessaire. Mais pas question de vitesse aujourd'hui, état toujours vertigineux.
J'avais pris de l'avance au cas où je perdrais du temps à trouver une place pour me garer et veine de... pas cocue - et pour cause, tsss! - une voiture quittait le stationnement juste devant l'immeuble où j'avais rendez-vous. Pour le coup j'avais 45 minutes d'avance. Je vais au parcmètre, je prends le ticket, le pose sur le tableau de bord. Tonnerre de Brest, le petit zef était glacial. Un thé allait me réchauffer.
J'étais devant l'hôtel quatre étoiles où je venais réveillonner avec mon amie lorsque nous étions jeunes filles et nous terminions la nuit dans la discothèque qui se trouvait en dessous de l'hôtel. Que de souvenirs... L'hôtel avait été rénové et l'entrée faisait très palace. Je jetais un coup d’œil à travers la vitre et, sans complexes, poussais la lourde porte en verre et me dirigeais vers le bar, ignorant la réception. Deux jeunes hommes élégants prenaient un café, perchés sur les hauts tabourets du bar et me saluèrent d'un bonjour madame souriant et respectueux. Je commandais un thé et m'enfonçais dans un fauteuil que je trouvais trop profond.  J'essayais celui qui était en face, il était plus confortable. Les deux jeunes hommes quittèrent le bar et l'un donna des instructions au barman. C'était peut-être le directeur de l'hôtel. J'étais évidemment la seule cliente dans cet immense salon, j'empruntais Le Figaro, seul journal à disposition, passais directement aux pages saumon et le refermais aussitôt, la sensation vertigineuse ne m'avait pas quittée, je ne pouvais pas lire.
Je quittais l'hôtel pour aller à mon rendez-vous. 
Pas d'attente, l'ORL vient me chercher dès mon arrivée.
Pendant qu'il passait l'aspirateur dans mes oreilles j'observais son bureau, sa bibliothèque remplie d'ouvrages médicaux et, je remarquais alors une étagère où étaient disposées de nombreuses figurines des Aventures de Tintin!
Mon ORL est tintinophile! me suis-je dit.
Je n'osais cependant lui demander s'il l'était vraiment ou si c'étaient des cadeaux. A mon avis, il l'était!
Je pensais alors à l'album L'oreille cassée et au fétiche Arumbaya qu'il devrait rajouter à sa collection, la plupart de ses patients ayant une voire deux oreilles cassées ou bien abimées.


 
 
http://a402.idata.over-blog.com/0/31/92/83/images-4-pour-articles/oc-t-1.jpg 


https://www.tintinboutique.com/media/catalog/product/big/product_123_1.jpg

Cette statuette ne dénoterait pas dans son Cabinet.

L'examen se poursuit dans un autre cabinet pour la manipulation libératoire de Sémont avec le masque. Ça tourne lui dis-je. - "Oui, votre vertige est splendide. " Et je restais tête pendante dans une position inconfortable mais accrochée à ses bras.
Avant de repartir il m'indique les consignes à suivre pendant une semaine. Etc.

Samedi 7 mars.




Je m'étais promise d'y aller à cette manifestation. Pour une fois qu'il y en avait une dans ma ville, je devais y être! L'air était doux et printanier ce samedi matin. Nous aurions dû être nombreux à cette manifestation;  en matière d'euthanasie et de suicide assisté, la Suisse reste la seule possibilité pour ceux qui ne veulent pas d'acharnement thérapeutique. La seule possibilité : le suicide assisté en Suisse car, se suicider (en fin de vie) ne reste qu'une possibilité... de se rater et de souffrir. Une mort indigne dans la solitude.

A Quimper




"Grâce aux moyens de procédure mis à sa disposition par le Parlement, je crains qu’aucun des amendements présentés par des députés favorables à l’euthanasie et au suicide assisté ne soit adopté.
Si tel devait être le cas, la triste loi de 2005 sera-t-elle légèrement modifiée par celle de 2015 : une aide passive à mourir au moyen d’une sédation accompagnée d’une dénutrition et d’une déshydratation, des directives anticipées opposables et contraignantes (voir ces termes page 17) mais sous conditions : qu’elles ne soient pas déclarées par les médecins comme « manifestement inappropriées » et dès lors qu’il n’y aura pas d’ « urgence vitale »…
Assurément, la volonté du patient ne sera respectée, comme aujourd’hui, que si elle convient au chef de service. [...]

encore une loi qui protègera le médecin et infantilisera le patient."

(Jean-Luc Romero, Président de l'ADMD)






lundi 2 mars 2015

***

Titubante encore, je sors du tunnel. J'y suis entrée il y a neuf jours.
J'ai assez de force pour prendre ma voiture demain.
Il va me manipuler avec une violente douceur. Le vertige sera intense mais je n'aurai pas peur, je m'accrocherai à ses bras, confiante.
La dernière fois c'était en juillet; ça avait bien marché. Je tenais debout sans vaciller.

Huit mois sans crise avec un traitement de cheval et malgré le traitement, nouvelle crise. Avec elle, les pensées sombres reviennent, les nuits sans sommeil, l'obsession du vide vertigineux que l'on souhaiterait finalement, définitif.

Plus de lectures, plus d'écran ou alors juste pour se raccrocher à quelque chose dans cette solitude abyssale.

Ce soir j'ai réussi à butiner sur la Toile et j'ai lu ça.
J'ai aimé.