jeudi 30 juin 2016

Chronique d'une mort annoncée

“Nous sommes en colère”. Le réseau des Centres d’art contemporain réagit à l’annonce du maire de Quimper qui condamne à mort son centre d’art.
La triste chronique des centres d’art menacés vient de s’allonger d’une ligne. Après la fermeture Des Eglises à Chelles, du Cac de Bretigny-sur-Orge et, il y a quelques semaines, de la Galerie du Dourven dans les Côtes d’Armor, c’est au tour du Quartier, le Centre d’art contemporain de Quimper de faire les frais de coupes budgétaires drastiques et de la décision de la mairie de Quimper (sa tutelle principale) qui signent son arrêt de mort. L’été dernier, le Père Ubu s’improvisait commissaire posthume d’une exposition collective dans les pas du facétieux Alfred Jarry. On y croisait les œuvres de Benjamin Seror, Pauline Curnier Jardin ou Julien Bismuth après des expositions consacrées à Guy de Cointet*, Charlie Jeffrey** ou Fayçal Bagriche. Un an plus tard, la situation, devenue ubuesque, affole le réseau des Centres d’art et son directeur Etienne Bernard qui signe la tribune ci-dessous."
(Lire la suite dans Les Inrocks...).
Une création de Charlie Jeffery m'avait inspirée;-) un jour en faisant du ménage!

 
Mes photos du jour
 



Je me dirigeais donc vers la Place Laënnec

Résultat de recherche d'images pour "emoticone"
Le Quartier 1990-2016 







La plupart des expositions que j'ai vues au Quartier m'ont laissé perplexe. Il me faut une brochure pour tenter de comprendre ce que veulent démontrer, faire passer comme message les artistes d'art contemporain conceptuel. J'ai néanmoins signé la pétition pour que le CAC ne ferme pas. Ne pourrait-il pas se transformer en Musée d'Art Moderne si l'Art (dit) Contemporain n'est pas assez "rentable" pour le Maire? Un musée n'est pas une galerie, marchande. Le Musée des Beaux-Arts de Quimper n'investit guère dans l'art moderne et l'abstraction. Le CAC pourrait devenir le CAM (*_*) ou - l'espace des salles d'exposition le permettrait - conserver les expositions d'art (dit) contemporain, conceptuel, performant ET partager l'espace (fifty/fifty) avec des œuvres d'art moderne. Je-dis-ça-je-dis-rien.
« Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d'études, d'éducation et de délectation. »

Mais un Centre d'Art Contemporain se différencie d'un musée.
NE FERMONS PAS LE QUARTIER!

mercredi 29 juin 2016

Veiller à ne jamais faire pitié

Ce soir en sortant du cinéma, à 18 h 20,  je n'étais pas éblouie par la lumière, comme ce 20 novembre quand je sortis de la même salle, à peu près à la même heure. Ce soir, le ciel était gris sous le crachin et pourtant, je trouvais encore à cet instant que le paysage était beau. Il convenait parfaitement à ce que je ressentais, depuis des jours et des jours. Oui, la grisaille était en harmonie avec mes pensées, la grisaille m'était douce, elle me réconfortait, je ne déparais pas, je me confondais avec elle, peut-être même je me fondais en elle. Une lumière vive, éblouissante m'aurait agressée et puis, je n'aime pas l'été. Après le film que je venais de voir (avec eux, pour être près d'eux, uniquement) - il va faire un "carton" a-t-il dit en sortant du cinéma (hum!) - c'est de-cette-grisaille-là exactement dont j'avais besoin. Eux, n'y ont pas fait attention à la beauté de cette grisaille en sortant de la salle. Ils sont vite retournés à leur voiture. Arrivée à la mienne je leur ai fait un petit signe quand ils m'ont dépassée, c'est alors que j'ai pris mon appareil et que je suis retournée devant le cinéma prendre ces photos : ce que j'ai vu en sortant du cinéma. Cette brumisation sur mon visage était jouissive. Je me sentais bien, dans cette grisaille, sous ce crachin. C'est l'été depuis huit jours (*_*).











Il était trop tôt pour dîner au restaurant mais je n'avais pas envie de rentrer, faire cuire des pâtes, faire mes courgettes et mon poivron, cuire mon poisson, puis faire la vaisselle. Oh non je n'en avais pas envie mais il n'était que 18 h 45! Je remontais dans ma voiture et je m'arrêtais à Sainte-Marine où le ciel était aussi sombre et le crachin aussi dense. Il y avait de la lumière à la crêperie, vu de l'extérieur pas un pékin, je rentre. Un couple était attablé. On me dit que les tables près de la baie vitrée sont réservées, on me propose une table d'où, tout de même, je domine le petit port; épatant. On me précise que le service ne commence que dans un quart d'heure. Pas de problème, je peux patienter avec cette vue dont je ne me lasse pas, dans le silence et sans musique. Ouf!




J'avais eu le temps de prendre ces deux photos, en une demi heure la salle était pleine, en bas et sur l'estrade. J'étais, comme d'habitude la seule cliente seule. Je me demandais quel effet ça pouvait faire de voir une femme seule au restaurant. Et je repensais à ces mots lus le matin dans un JDD, qu'un père avaient prononcés avant de mourir en s'adressant à sa fille* : "de veiller à ne jamais faire pitié". Je les ai fait miens depuis toujours.

* Marie Dabadie, secrétaire générale de l'académie Goncourt.


 

vendredi 24 juin 2016

***

"Il y a des ébranlements soudains, des sortes de turbulences intérieures qui, une fois racontés, risquent de paraître mièvres; il y a certaines paroles qui ne sont vraies qu'une seule fois, quand elles sont dites de vive voix et jaillissent inopinément du tumulte des sentiments."

Stefan Zweig, in Confusion des sentiments.

samedi 18 juin 2016

Chasser la lassitude et poursuivre l'effort


Regardé un film de Carlos Saura : Tango. Régal! Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1998. Un film pour grand écran.

Puis lecture de quelques nouvelles de Dorothy Parker qui m'enthousiasment moins que la vie de l'auteur qui fut l'amie des Fitzgerald, de Hemingway.
Dans cet ouvrage La vie à deux, Dorothy Parker est impitoyable dans l'observation, même si elle s'attache toujours au pire. Elle peut se dispenser de commentaires, sur la solitude, l'incommunicabilité, le désir de mort : la description et les dialogues ont tout dit.
Des nouvelles à ne pas lire d'une seule traite pour reprendre sa respiration tant les "petits ratés" de la vie de couple deviennent irrespirables.  Ces "petits ratés" existent aussi dans la vie de solitaire. On rit tout de même souvent en lisant cette Vie à deux de Dorothy Parker (éditions Denoël, collection 10/18 domaine étranger). 

Je lis de moins en moins de livres, peut-être parce que j'emprunte des ouvrages qui ne correspondent pas à la littérature que j'aime (les correspondances, les autobiographies, les essais, les journaux intimes), peut-être aussi parce mon cerveau - comme le reste - s'affaiblit et que lire - comme écrire ici - me demande de plus en plus d'efforts. Chasser la lassitude et poursuivre l'effort.
Réservé à la médiathèque Football de Jean-Philippe Toussaint. Je ne m'intéresse pas du tout au football mais cet écrivain (mon chouchou;-)) parvient à me captiver sur n'importe quel thème. Comme ce "coup de tête de Zidane"...
J'écoute le soir sur France Culture une lecture de cinq minutes (19 h 55) par Denis Podalydès. Cette lecture de Football de J.P. Toussaint a commencé, le vendredi 20 mai et se poursuit, chaque soir depuis cette date. Pour les amateurs de belle littérature ou de football!



 

Round-baller et womanpower



A l'heure du déjeuner. Joué trois balles sur le petit parcours. Mon bras s'en souvient, quelle idiote, une balle eut été plus raisonnable.
Je regardais les ballots de foin dans un champ et je me souvenais des miens, quand je vivais à la campagne - quand l'herbe était devenue trop haute pour les moutons, un agriculteur venait faire des round-ballers -, je me souvenais de cette photo les bras en croix devant un round-baller, pour en mesurer la grandeur. Je devais être un peu ballot en Homme de Vitruve! The (Wo)manpower (*_*)
.



A l'époque (photos 2003) j'avais dû abandonner le golf (dès 1995); 
remplacé par le vélo (moins cher et bien plus difficile).
Autoportraits. Hum!


Revenons au golf!
Sur le dernier trou... une coccinelle.


J'étais contente, j'avais bien joué, j'avais de bonnes sensations.
Je m'attardais ensuite quelques minutes dans ce jardin zen.
Un décor pour photos de mariage (*_*).





Sur le parking, en remontant dans ma voiture, 
j'aperçus dans la verdure un objet rond.

  
Je m'approchais, l'objet respirait...


Il m'a regardé, je l'avais dérangé dans son sommeil. 
Il s'est rapidement remis en boule pour replonger... dans ses rêves de chat.



jeudi 16 juin 2016

X Y

(Photo trouvée via Google)

On entend aujourd'hui parler de générations X Y et Z. Quelles différences?

 
(Cliquer pour agrandir et lire les caractéristiques)

Génération X : née entre 1960 et 1980
Génération Y : née entre 1980 et 1995
Génération Z : née après 1995

Et celle d'avant? La mienne, génération baby boomers  : née entre 1945 et 1961. "Une génération d'idéalistes et d'égocentriques"! Hum!
Et avant avant (*_*)? C'est la génération silencieuse : née entre 1901 et 1944.

"Les baby boomers sont également une génération sociologique. Selon la théorie de William Strauss et Neil Howe, la génération des boomers occidentaux serait composée en grande partie d'idéalistes et d'égocentriques. Cette génération serait en conflit avec la génération X et aurait parfois des difficultés à comprendre le conservatisme, l'homogénéité et les capacités de travail en équipe qu'arborent leurs enfants de la génération Y
Le sociologue français Louis Chauvel souligne la chance historique exceptionnelle des membres de cette génération, dans les pays occidentaux, et souligne ce qu'il considère comme leur responsabilité dans la crise vécue par les générations suivantes. À l'inverse, des chercheurs comme Claudine Attias-Donfut ou Serge Guérin récusent cette approche mécaniste et soulignent l'importance des solidarités entre générations. Ils montrent que les disparités s'exercent d'abord au sein de chaque génération.
Selon le découpage des démographes, quatre générations composent actuellement la société occidentale : la génération silencieuse (née entre 1901 et 1944), la génération des baby-boomers (née entre 1945 et 1961), la génération X (née entre 1960 et 1978) et la génération Y (née entre 1979 et 1995)."

(Source Wikipédia)

Attention, la génération sociologique X ou Y n'a rien à voir avec les chromosomes XY, système de détermination sexuel. 

"Ainsi, les mâles possèdent un chromosome X et un chromosome Y, alors que les femelles possèdent deux chromosomes X. Le sexe hétérogamétique (possédant donc deux chromosomes sexuels différents) est donc le sexe mâle. Cette différence génétique permet ensuite la différenciation sexuelle des différents individus au cours du développement. Pour chaque croisement entre un mâle et une femelle, la femelle transmettra un chromosome X, et le mâle soit un chromosome X, soit un chromosome Y, avec une chance sur deux pour chaque solution. Ainsi, le descendant sera soit XX, soit XY, c'est-à-dire femelle ou mâle, avec une chance sur deux pour chaque sexe."

Dis papa, et les homosexuel(le)s, z'ont quoi comme chromosomes (0_0)? XYXX? 

"Hé bien il semble qu’on avance sur la voie de l’identification des chromosomes impliqués dans l’orientation sexuelle. Une étude présentée devant l’Association américaine pour l’avancement de la science à Chicago, la semaine dernière, prétend avoir identifié le gêne de l’homosexualité. Ou plutôt une région du chromosome X, appelée Xq28, susceptible de provoquer l’homosexualité. Bien sûr, la génétique n’explique pas à 100 % l’orientation sexuelle d’un individu, qui est un choix de la personne. D’autres facteurs entrent en jeu. Il n’y a pas de déterminisme biologique absolu. Mais l’origine innée de cette tendance devrait contribuer à renverser les préjugés qui en ont fait, durant des siècles, une déviance qu’on pourrait traiter, une sorte de maladie susceptible d’être combattue et « guérie »."


Bon, moi j'aime bien les (chromosomes) XY (*_~).

mardi 14 juin 2016

Cet espace est entretenu sans pesticides

Lundi 13 juin.

L'arrivée sur Brest ce matin était bloquée, la pluie n'arrangeait pas l'affaire et la rade était bien grise enveloppée de brouillard.
Malgré ce bouchon - annoncé - d'un bon quart d'heure pour traverser le pont d'Iroise, je n'étais pas en retard pour mon rendez-vous, j'étais même en avance puisque je trouvais une place pour me garer, pile devant la porte du cabinet ORL. Je descendais de ma voiture d'un pied instable et légèrement soûlée par la route; je passe sur les nombreux réveils nocturnes et les angoisses - (allais-je tenir debout en me réveillant et pouvoir conduire?).
Arrivée donc avec un quart d'heure d'avance, je passais une heure dans la salle d'attente, le praticien avait trois quart d'heure de retard. Mathématique!
Consultation, manœuvres libératoires, la routine : mes vertiges n'étaient pas une illusion. Tenez mon bras serré dans vos mains me dit-il, à trois, je vous renverse. Je m'accrochais à ce bras comme à une bouée de sauvetage, la bascule était rapide et violente, mais son bras était doux, je savais qu'il allait sans doute me sauver de la noyade. Bascule à gauche : la mer était plutôt calme mais à droite elle était très agitée le vertige fut intense, il le voyait à mes yeux sur un écran grâce au masque. La rémission aura duré six mois. Recommandations habituelles : porter la minerve durant deux nuits, position semi-assise, ne pas bouger la tête, ne pas lacer ses chaussures en baissant la tête, ne pas aller chez le coiffeur, ne pas aller chez le kiné ni chez le dentiste, ne pas mettre la tête en arrière, ne pas embrasser votre amant (mais non il n'a pas dit ça, tsss!), éviter le stress etc. etc. tout cela pendant une semaine. Mais ces recommandations-là sont mon quotidien, également en dehors des crises. Même quand je sors ma balle du trou au golf, je ne baisse plus la tête!!! et quand je joue seule, je laisse le drapeau dans le trou (chut!) pour ne pas me baisser en le ramassant.

En sortant du cabinet, la pluie bat son plein. Je suis sonnée, encore plus déséquilibrée qu'en arrivant mais c'est normal. Quelle grisaille! Il était midi et quart, je n'avais rien dans le ventre depuis 7 heures du matin, il fallait que je mange un truc avant de refaire une heure de route. Le port de plaisance sous la pluie n'allait pas avoir d'intérêt, sauf celui d'un parking gratuit où il y a toujours de la place. J'y allais donc. J'enlevais ma minerve. Je passais devant Le Tour du Monde mais le ciel était trop plombé pour déjeuner dans ce restaurant qui surplombe la rade, si agréable quand le ciel est dégagé. Je me décidais pour un restaurant au ras de la rade (0_0) où je n'avais jamais mis les pieds. J'étais comme un marin qui arrive au port en quittant son navire, je tanguais vraiment.  L'Admiral's (c'est le nom du restaurant;-)) était complet à l'intérieur et je m'asseyais à une table en terrasse, couverte. C'était l'heure de pointe. Il me fallait quelque nourriture plus consistante que mes habituelles moules/frites et je commandais une pizza Calzone soufflée avec de l'eau... dommage, mais bon, pas question de boire du vin rosé ou blanc pour augmenter le tangage. J'étais au plus près des bateaux, je n'appréciais pas grand chose, je me sentais tristoune. Deux femmes viennent de s'asseoir près de ma table (une dame âgée de mon âge, tsss! avec une jeune fille). Elles ont commandé des moules/frites et la vieille dame les appréciaient vraiment : "elles sont vraiment bonnes" disait-elle toutes les trois minutes. (On radote en vieillissant). Sans tendre l'oreille j'entendais ce qu'elles disaient. La dame était apparemment une grand-tante de la jeune fille; elle vivait dans le coin et la jeune fille à Genève. Elle lui racontait qu'elle était obligée de garer sa voiture en France pour ne pas payer des frais qui m'ont échappés; aux questions de la tante elle répondait qu'elle circulait en vélo dans Genève, que oui il lui arrivait de manger des fruits de mer mais que c'était cher, que tout était cher à Genève. Mais tu as un bon salaire lui dit la "dame".
Bref, je mangeais ma Calzone sans me faire prier et la trouvais aussi bonne que la dame ses moules/frites. La grosse pluie s'était transformée en bruine, le fameux crachin breton et pourtant la lumière devint plus vive au point que je dus mettre mes lunettes de soleil.
Je commandais un café, réglais l'addition et saluais mes voisines en quittant le restaurant. C'était bien du crachin.

Dans ma voiture je remettais ma minerve, décidée à reprendre la route tout de suite sans faire de halte au cimetière.  Arrivée au rond-point, changement de programme, il fallait tout de même que j'aille voir pourquoi la Mairie m'avait appelée au sujet de la plaque en pierre qu'ils devaient retirer (de toutes les concessions) pour la (les) remplacer par du gazon dans l'allée. Ils voulaient savoir si dans la famille quelqu'un souhaitait la récupérer. Personne n'était intéressé, trop lourd à transporter. Je m'étais dit : quelle bonne idée de mettre du gazon, je n'aurai plus cette corvée du brossage de cette pierre qui recevait tous les détritus et boues de cette allée. Je n'avais pas acheté de plante, tant pis.
Je prenais des photos de ce nouveau gazon (il pleuvait toujours).


Sur la pancarte :  Cet espace est entretenu sans pesticides (0_0)
Les vers vont pouvoir boulotter tranquillement. Mmm!




Puis, j'allais mettre à la poubelle le bac piteux de plantes fanées et passais un arrosoir d'eau pour enlever des feuilles agglutinées dans les coins. Promis mes chers disparus, au prochain passage je déposerai des plantes fraîches.
Papa, maman, vous seriez bien tristes si vous saviez que deux de vos filles se déchirent en ce moment. (Je ne leur ai pas dit, je ne voulais pas leur faire de peine. Hum!). Et toi mon aimé, déjà trente ans que les vers te boulottent (*_*)!
Je me demande tout de même si les jardiniers ont une mini-tondeuse spéciale pour faire ces allées très étroites. L'herbe était bien haute.
J'allais ensuite sur la tombe de ma tante parisienne enterrée là avec ses parents : ma grand-mère et mon grand-père maternels, pour voir si là aussi les allées étaient gazonnées; mais non, pas encore...

Cette fois je reprenais la route du retour. J'allumais la radio mais je ne l'écoutais pas. Je regardais souvent mon compteur de vitesse, je levais le pied de temps en temps et parfois j'appuyais à fond sur le champignon pour décrasser le moteur et, me faire plaisir. Il n'y avait personne sur la route, c'était jouissif, elle marche bien ma mimi-cracra, pensais-je. Un moment même je m'imaginais le pied écrasant la pédale, le compte-tours dans le rouge et m'encastrer dans un poids lourd "Long Véhicule" pour que le chauffeur soit indemne. Mais, trop incertain de ne pas me rater! Hé ho! je blague; j'ai encore envie de jouer au golf!

Écrire ici n'est vraiment pas raisonnable : 1) pour ma tendinite 2) pour mes vertiges.
Écrire, pour vivre ou... pour ne pas mourir.

dimanche 12 juin 2016

Mon trouble était puéril et insensé



"Ce que je fis alors, comment pouvait-il en être autrement, fut tout aussi absurde, c'était idiot, stupide même, j'éprouve presque de la honte à vous le raconter - mais je me suis promis, je vous ai promis, de ne rien passer sous silence : eh bien, alors, j'ai... j'ai voulu le retrouver... comprenez par là que j'ai voulu retrouver ces instants que j'avais passés avec lui... je ressentais le violent désir de revoir tous les lieux où nous avions été ensemble la veille, [...], rien que pour revivre une fois encore, encore, ce qui s'était passé. [...] pour que chaque parole, chaque geste se renouvelle en moi une fois de plus - voyez comme mon trouble était puéril et insensé. Mais songez aussi avec quelle fulgurance ces événements-là m'avaient assaillie - je n'avais guère ressenti autre chose qu'un grand coup qui m'avait étourdie. [...], je voulais savourer encore trait pour trait, en me les rappelant, ces instants trop vite enfuis, à la faveur de cet aveuglement magique que nous appelons souvenir - au vrai : ce sont des choses qu'on saisit ou qu'on ne saisit pas. Peut-être faut-il un cœur brûlant pour les comprendre."

Stefan Zweig, in Vingt-quatre heures de la vie d'une femme.

samedi 11 juin 2016

***

Sur chaque trou du parcours, les souvenirs sont vivaces.

Parfois c'est un fantôme qui m'accompagne, je le réinvente, comme au 2 aujourd'hui : je le revoyais taper son deuxième coup, puis insatisfait, remettre une balle, celle-là parfaite; son contentement alors... était aussi le mien. Puis un autre jour, merveilleux sous le vent, alors que j'avais démarré seule sous la pluie, j’entendis cette voix dans mon dos au 4; l'ami était venu me rejoindre; il était là, pas la peine de se parler, tout était dit : joie. Et cette autre fois - troublante - où nous nous sommes croisés, lui sur le 7 (avec un partenaire), moi sur le 8 (seule) : nous sommes allés l'un vers l'autre pour nous serrer la main en souriant et après quelques formules de politesses intimidantes, j'ose lui dire, un peu idiote, le cœur battant, à toute vitesse : je reviens demain à 12 h 30!? A demain alors me dit-il. En finissant ma partie, je me précipitais au secrétariat pour réserver mon départ pour le lendemain, 12 h 30 (pour deux, mais je ne le précisais pas). C'était la première fois que je n'attendrai pas que le hasard nous permette de jouer ensemble.

Sur chaque trou du parcours j'ai des souvenirs, de sa présence silencieuse; une absence parlante.
J'en refais, depuis, des parties solitaires. Il est là comme une ombre qui m'oblige m'aide à continuer, à me motiver...


"Ah, le portrait, le portrait avec la pensée, l'âme du modèle, cela me paraît tellement devoir venir." *

* Vincent à Théo, Arles, septembre 1888.



Portrait de l'artiste par lui-même.
Paris, été 1887, huile sur carton, 19 x 14 cm.
Amsterdam, Rijksmuseum Vincent Van Gogh


 L'homme à la pipe : Autoportrait, Vincent Van Gogh.
Arles, janvier 1889, huile sur toile, 51 x 45 cm.
Londres, collection particulière

Les portraits que Vincent peignit de lui-même il y a un siècle sont sa gloire. Scruter leur regard, chercher à en déchiffrer le silence et le mystère, c'est devoir violer la mémoire de Vincent.

En Janvier 1890 paraît dans le Mercure de France un article d'Albert Aurier, "Les Isolés". Éloge émerveillé de la peinture de Vincent  dont six toiles sont accrochées à la VIIIe Exposition des Vingt à Bruxelles. (Parmi ces toiles - Un paysage au soleil couchant, La Vigne rouge, Une vue d'Arles, Un coin du parc à l'asile Saint-Paul.)
Le 29 avril 1890 Vincent demande : "Veuillez prier M. Aurier de ne plus écrire d'articles sur ma peinture, dis-le-lui avec instance, que d'abord il se trompe sur mon compte puis que réellement je me sens trop abîmé de chagrin pour pouvoir faire face à de la publicité" et, dans le post-scriptum d'une lettre qu'il envoie alors à sa mère et à sa sœur, il précise : "Quand j'ai appris que mes œuvres avaient un peu de succès et que j'ai lu l'article en question, j'ai craint immédiatement que cela me décourage. Il en va presque toujours ainsi, dans la vie du peintre; le succès est ce qu'il y a de pire."
"... en général, mais plus spécialement lorsqu'il s'agit des artistes, je prête autant attention à l'homme qui produit l’œuvre qu'à l’œuvre elle-même."
"Il m'a toujours semblé qu'un artiste qui montre son œuvre en public, a le droit de garder pour lui les tourments de sa vie privée. Ceux-ci découlent directement, fatalement, des difficultés propres à la création d'une œuvre d'art."
Le "mode d'emploi" que donnent ces phrases pour déchiffrer une œuvre indique l'essentiel. Les péripéties de la vie d'un homme n'expliquent en rien son œuvre. Contresens sans issue. A l'inverse l’œuvre même, son enjeu, son exigence et ses défis décident d'une vie. La vie de Vincent n'est que la quête de la peinture. Et cette quête est une lutte.
"J'ai trente ans, mon front est labouré de rides, les traits de mon visage en accusent quarante, mes mains sont crevassées."
Vincent à Théo, La Haye, 1er juin 1882.

"Je voue une foi totale à l'art, il s'ensuit que je sais ce que je veux exprimer dans mes œuvres, et que je tâcherai de l'exprimer, dussé-je y laisser ma peau."
Vincent à Théo, Nuenen, août-septembre 1885.

"Le peintre de l'avenir, je ne puis me le figurer vivant dans de petits restaurants, travaillant avec plusieurs fausses dents et allant dans les bordels de zouaves comme moi."
Vincent à Théo, 5 mai 1888.

"Un tableau est aussi difficile à faire qu'un diamant gros ou petit à trouver. Maintenant, si tout le monde reconnaît la valeur d'un louis d'or ou d'une perle fine, malheureusement, ceux qui font cas des tableaux et qui y croient sont rares. Mais ils existent, cependant."
Vincent à Emile Bernard, Arles, septembre 1888.

(Textes et images tirés de l'ouvrage de Pascal Bonafoux, VAN GOGH PAR VINCENT)



("Publicité" trouvée dans un quotidien...)

Prochainement au Musée des Beaux-Arts à Quimper,
Autoportraits du Musée d'Orsay, du 17 juin au 2 octobre 2016.


 

jeudi 9 juin 2016

Toute affirmation est marquée d'un doute

Le paradoxe de la pensée et nos contradictions.
Quand je parviens à ce que je crois raisonnable, je n'ai de cesse ensuite de me contredire et, de chercher alors des raisons  de me dédire,  allant même jusqu’à trouver que le déraisonnable était la seule chose raisonnable.
Et si la légèreté était ce qui me manque...
Vertiges...



"Ce qu'on nomme passion, n'est autre chose qu'un désir irrité par la contradiction?"
Beaumarchais.

"Nos contradictions font la substance de notre activité d'esprit."
Paul Valéry.


mardi 7 juin 2016

Quelque part n'importe où, guidés par le hasard



Des petits morceaux de papier déchirés... ça fait plus de bruit qu'un clic de souris pour la poubelle.
Ce fut un bel après-midi où la ma raison a pris le dessus sur la déraison. 
C'est bien la preuve que je vieillis.
Il y a quoi : dix ans? Je ne me serais même pas interrogée de savoir s'il fallait être raisonnable ou pas. J'aurais succombé allègrement à l'ardente tentation, délibérément, déraisonnablement.

Mais...


samedi 4 juin 2016

***



Après l'allégresse...




... vient la tristesse.

vendredi 3 juin 2016

"Une intellectuelle provocatrice, une amoureuse, une démente. Une femme tragique"





Une pièce de théâtre de Jean-Luc Seigle 
au  Lucernaire jusqu'au 25 juin 2016. 

J'écoutais ce matin dans La Fabrique de l'Histoire, Histoire et Fiction, parler de Dorothy Parker, cette femme que j'avais rapidement évoqué ici et, décidément, je la trouvais follement fascinante... Elle était extrêmement lucide. Il fallait qu'on l'aime, avec tous ses défauts. Sa fin ne pouvait être que tragique.

"Elle meurt seule dans une chambre d'hôtel avec son chien et une bouteille d'alcool à l'âge de soixante-treize ans." ... et un sac plastique sur la tête (précision dans l'émission de ce matin).
"Elle légua ses biens au mouvement de Martin Luther King, la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People).

Prince (mort récemment d'une overdose d'antalgiques caféinés) lui avait rendu un hommage en 1987 en écrivant The Ballad of Dorothy Parker (Pour ceux qui comprennent l'anglais, à partir de la minute 7:45).