lundi 30 janvier 2017

"Tu me vois en couleur ou en noir et blanc?"



Cette folle histoire de mouche(s) m'a fait sourire, rire ce matin.
La folie, l'absurde, la rêverie... les mouches.
C'est tout de suite après les dernières minutes (Raphaël Enthoven) des NCC Chemins de la Philosophie - dont le sujet du jour traitait du populisme - à écouter ci-dessous :


(Cliquer sur le lien ci-dessus. Deux minutes de folie douce ! ).

Cet après-midi, malgré l'humidité, j'ai pris l'air en foulant des greens comme des éponges remplies d'eau, sur le petit parcours. Je toussais, je [me] mouchais, entre chaque trou voire entre chaque coup, bien plus que Céleste chez son psy, et mon nez qui avait déjà des allures de nez de clown tant il était irrité, n'allait peut-être pas tarder à rester au fond de mon mouchoir, comme celui de Flaubert :

A sa nièce Caroline.
Croisset, jeudi, 2 heures [juillet 1868?]

Mon Loulou,
Ta bonne maman me charge de t'écrire, ce dont je m'acquitte avec empressement.
Elle a eu hier la visite de ton bel oncle Achille Dupont, qui est resté trois heures; puis, à dîner, Mme de Maupassant.
La voiture de sa "fameuse fille" va la remmener à Rouen, dîner chez Mme Lebret. Quelle partie de plaisir !
Le seul événement de mon existence a été, mardi, l'apparition du sieur Raoul Duval, qui s'est pris pour moi de passion, (ou de curiosité?), et puis j'ai un rhume inimaginable ! Je tousse et je mouche, dans le silence du cabinet, d'une façon incessante. Mon pauvre nez va rester au fond d'un de mes mouchoirs, et j'ai peur de lancer mes poumons sur les cendres.
Amuse-toi bien dans la nouvelle Athènes.
Ton vieux Ganachard.

dimanche 29 janvier 2017

N... de D... !

"L'infinie stupidité des masses me rend indulgent pour les individualités, si odieuses qu’elles puissent être. Je viens d’avaler les six premiers volumes de Buchez et Roux. Ce que j'en ai tiré de plus clair, c’est un immense dégoût à l’encontre des Français. N... de D... ! a-t-on été inepte de tout temps dans notre belle patrie! Pas une idée libérale qui n’ait été impopulaire, pas une chose juste qui n’ait scandalisé, pas un grand homme qui n’ait reçu des pommes cuites ou des coups de couteau !! « Histoire de l’esprit humain, histoire de la sottise humaine! », comme dit M. de Voltaire."

Gustave Flaubert, dans une lettre à George Sand.

samedi 28 janvier 2017

***

C'était déraisonnable d'y aller, je le savais.
Pas envie d'être raisonnable et pourtant pas envie non plus d'être malade.
Devenir raisonnable, pour quoi? Je ne pose même pas la question, pour qui?
Pour quoi, donc?
Pour te donner plus de chance de vivre longtemps?
Je le suis déjà, bien trop, raisonnable, mais c'est sans calcul en ce sens. Au contraire. Si, physiquement mon corps le supportait, je ne vivrais que d'excès. Mais les excès me rendent malade et je déteste être malade. Je veux bien mourir mais je ne veux pas être malade.

Était-ce plus raisonnable de rester chez moi, au chaud, à demi somnolente, à écouter le silence? Vous ne l'entendez pas ce silence? Moi je peux non seulement l'entendre mais le toucher. C'est devenu une présence, palpable, parfois douce parfois amère. Bien sûr, il y a la radio de temps en temps mais en ce moment je sature et, je débranche tout! Là, je regarde ma table basse, le désordre qui s'y trouve : les livres, les magazines (bien superposés), les trucs de menthol pour mes migraines, les numéros du JDD que je n'ouvre même plus, le livre sur Tal Coat que j'avais ramené de l'expo vue il y a deux ou trois ans, que j'avais aimée et dont je voulais parler, en faire un beau billet, resté en brouillon (je le publie ce soir, non terminé, sans même le relire, un jour... je le terminerai...); le bol (moche, souvenir parisien dans lequel il y avait à l'origine une terrine de pâté quelconque) dans lequel, ce soir, il y avait la compote que je viens de manger; la bougie allumée dans le verre,  les télécommandes de la télé que j'ai rapidement éteinte tant les programmes ne m'intéressent pas, les étuis à lunettes, un programme de télé sous le Volupté de Sainte-Beuve, le verre d'eau que je viens de boire avec mon anti-vertigineux quotidien, les granules homéopathiques contre les crampes, le pot d'azalées blanches qui commencent à faner, le cendrier sans mégots offert par le restaurant où nous avions dîné avec nos deux témoins le jour de notre mariage et, enveloppant tout cela : LE SILENCE ! La seule chose que vous ne voyez pas...


Mais, le silence est un luxe, ÉVIDEMMENT !

Que vois-Je? Un Biopic sur Camus sur LCP en ce moment. Voyons ce que ça donne...
Y a qui chez Ruquier? Bof... 

jeudi 26 janvier 2017

EVIDEMMENT

On a beau faire ce qui est préconisé à coups de marteau par la pub, on peut la choper quand même cette sale grippe.
On dit qu'elle peut être mortelle. J'en rêvais, la nuit, je le désirais, je crois que la fièvre m'a fait délirer dans ma putain de solitude. (Pardon maman chérie pour le gros mot).
Aujourd'hui, j'ai pu mettre le nez dehors, enfin, le temps d'aller jusqu'à ma voiture. Il fallait bien que j'aille acheter un peu de nourriture et autre course...

Je remonte dans ma voiture, j'allume la radio, j'entends France Gall; je l'adore et je chante avec elle. J'ai donc encore une voix. Sourire aux lèvres je pensais : il y a deux jours tu voulais (pour la énième fois) mourir et là, tu chantes, tu tapotes ton volant en rythme.
Ben, rien de contradictoire là-dedans. 
N'attends pas trop longtemps...


Y A ...
COMME UN GOUT DE POUSSIERE DANS TOUT
[...]
Y A DES SILENCES QUI DISENT BEAUCOUP
[...]
ET TOUTES CES QUESTIONS QUI TIENNENT PAS DEBOUT
EVIDEMMENT 
EVIDEMMENT
ON RIT ENCORE
POUR LES BETISES
COMME DES ENFANTS
MAIS PAS COMME AVANT 

EVIDEMMENT
EVIDEMMENT




J'allais oublier... et c'est important, pour mesurer la futilité de mes propos : cette grippe, ces lamentations sont-elles justifiées ou plutôt justifiables, au regard de ce jeune homme, hémiplégique,  qui traversait la rue avec beaucoup de difficultés?

"Laissons les autres se lamenter sur ces temps mauvais ; je me plains de leur misère, car ils sont dénués de passion. Les pensées des hommes sont ténues et fragiles comme des dentelles ; ils sont eux-mêmes pitoyables comme des dentellières. Les pensées de leur cœur sont trop misérables pour être coupables." 
Soren Kierkegaard

lundi 23 janvier 2017

Ils sont fous... j'ai un faible pour eux




Le Caravage (1571 - 1610)
Craie sur papier par Ottavio Leoni vers 1621

"Les caractéristiques principales que l'on retrouve dans l'influence caravagiste sont l'utilisation du clair-obscur [le ténébrisme] et l'organisation spatiale qui réduit à rien la distance séparant le spectateur de la scène du tableau. Le premier plan semble venir toucher la surface du tableau, limite du monde de l'image et de celui du spectateur.
L'expression baroque naissante trouvera son origine dans l'exhibition des sentiments non dissimulés ainsi que dans l'attitude des personnages, figés au cours d'un mouvement ; instant choisi par le peintre pour apporter l'intensité dramatique à la scène.
L'éclairage, lorsqu'il ne provient pas d'une source difficilement identifiable à l'intérieur même de la composition, est latéral et participe avec violence au modelé des corps. Il crée la profondeur sans avoir recours aux artifices de la perspective linéaire. Le fond sombre et l'absence d'arrière-plan rend la scène particulièrement intimiste tout en produisant une ambiance dans laquelle l'être humain est porteur d'une destinée ombrageuse aux accents souvent pessimistes."

(Source : Le caravagisme)

"En quelques années, sa réputation grandit de manière phénoménale. Caravage devient un modèle pour une génération entière de peintres qui s'inspirent de son style et de ses thèmes".


 Saint Matthieu et l'Ange




Le Martyre de saint Matthieu




La Vocation de saint Matthieu

On peut voir ces œuvres à la Chapelle Contarelli

"En septembre 2013, le pape François a déclaré être particulièrement touché par cette Vocation de saint Matthieu : « Ce doigt de Jésus… vers Matthieu. C’est comme cela que je suis, moi. C’est ainsi que je me sens, comme Matthieu »."

Son nom sonne comme ravage... sauvage : Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Le Caravage, mais n'a rien à voir avec Soulages (qui a eu 97 ans le 24 décembre 2016!).
Vu la semaine dernière  ce film :

Caravaggio de Derek Jarman

"Évocation très contemporaine du peintre Caravage, avec des comebacks et mélange entre fiction (tableaux) et réalité (le film). Pour l'apprécier pleinement il faut d'abord réviser ses connaissances picturales sur l’œuvre du peintre. A voir impérativement pour les amateurs de peintures."
 

(A suivre, le film...)

"C'est épatant, les artistes. Ils sont fous, mais pas vraiment comme tout le monde. J'ai un faible pour eux." (Françoise Giroud)

 

samedi 21 janvier 2017

Les amoureux du 15e


C'était il y a 40 ans, ces photomatons... toi et moi,
deux mois, jour pour jour, après notre rencontre le ...


21 janvier 1977
21 janvier 2017 




Jusqu'au 25 mai 1986, on nous appelait LES AMOUREUX DU 15e

C'est étrange qu'aujourd'hui, 21 janvier 2017, par hasard, j'ai reçu un mot d'amitié d'amour magnifique, qui m'a laissé le cœur battant devant mon écran pendant de longues minutes. Amour? Amitié? Les deux se mêlent des années plus tard, comme à l'époque, quand je lui parlais d'amour il me répondait, désir. Il avait raison... 
Mon Aimé est mort en 1986 mais sa "pierre précieuse" ne l'oublie pas. 
Et si cet homme délicat qui m'écrit justement, aujourd'hui 21 janvier 2017, coïncidence, des mots (et, coïncidence des mots que je garde pour moi) magnifiques, je me dis que finalement le hasard n'existe pas.
Quand j'ai commencé ce blog fin août 2009... c'était pour panser ce chagrin amoureux d'avec cet homme. Je me suis mise alors à parler de toi, pas très souvent, puis de lui, quand... j'espérais toujours... et encore, puis, peu à peu de beaucoup d'autres choses... 

C'est chouette (pour moi) de relire mes premiers billets, c'est ma mémoire, c'est ma vie, une belle vie... malgré tout, et si riche. Et cet ami-amant-amour, c'est vraiment doux de recevoir ses mots aujourd'hui, avec un détachement qui me permet de les savourer encore plus. Merci à lui.

Mon Aimé... je me souviens comme si c'était hier de notre rencontre, dans ton atelier.  

vendredi 20 janvier 2017

Crazy and Great!

Vu il y a quelques jours film (DVD) de Jim Jarmusch, VO sous-titrée en français. En Noir et Blanc.

Coffee and Cigarettes

Bande annonce





Un film composé de plusieurs courts-métrages. Chaque séquence a son propre scénario mais toujours autour du même thème : un décor noir et blanc, un rendez-vous, une conversation entre deux personnes (amis ou pas) autour d'une tasse de café (ou de thé) en fumant (ou pas) une cigarette. Des dialogues complètement déjantés, mais chaque séquence  nous parle de... la condition humaine?
Mes séquences préférées : COUSINES* et COUSINS? (comment dire... sur la vanité, la superficialité des relations, de la (fausse) amitié. La séquence avec Bill Murray (Delirium) est également inénarrable, oui, comment dire : ce film est absolument génial (doublement, si on aime l'absurde). D'un humour décoiffant, grinçant, voire mélancolique auquel je suis très sensible. Et tellement dingue! Sans parler de la piade d'acteurs : 24 stars plus excentriques les unes que les autres.
Pas trouvé mes séquences préférées sous-titrées en français mais pour ceux qui comprennent l'anglais on peut les voir en cliquant sur les liens.
Certaines séquences peuvent se passer de traductions, comme  
Delirium (près de 1 500 000 vues!)
Le dernier "court-métrage" du film, CHAMPAGNE est mélancolique, comment ne le serait-il pas? Le seul avec quelques expressions en français : Champagne, Paris, Joie de vivre. 
* COUSINES avec Cate Blanchett interprétant les deux rôles (épatante). 




Strange to meet you

Roberto Benigni et Steven Wright

mercredi 18 janvier 2017

Le Je et le Moi, énième



"Le Je c'est celui qui parle, le Moi c'est celui qui écrit."
(Montaigne "expli-cité" ce matin par Alain Legros dans les NCC*)

* Les NCC (Nouveaux Chemins de la Connaissance) ont changé de titre et l'émission s'appelle désormais : Les Chemins de la philosophie. Présentation sur France Culture :

"La philosophie est bien plus qu'une discipline. Son but est de transformer la connaissance en art de vivre en considérant comme digne d'intérêt et de réflexion l'existence dans tous ses recoins. Littérature, vie quotidienne, cinéma, musique, actualité, expérience personnelle : la philosophie ne connait ni contraintes, ni limites. Elle vise à transmettre le goût pour les questions plus qu'à délivrer une connaissance. C'est pourquoi elle ne s'arrête jamais, c'est pourquoi, plus que jamais, les Chemins continuent."

Lors de l'annonce de ce changement le 2 janvier par Adèle Van Reeth, le lendemain 3 janvier, j'étais un peu agacée par le ton un tantinet sirupeux, pour parler à nouveau de ce changement de titre :  "la crème de la crème à votre service et au creux de votre oreille". J'avais l'impression d'entendre un slogan publicitaire. Passons. Je continuerai de les référencer ici sous le sigle : NCC, pour ne pas avoir à corriger mes nombreux billets dont les NCC sont la source.  Moi, Je  fais ce que je veux;-) et je ne suis pas philosophe, je dirais même plus, moi je (= Dupont et Dupont. Hi!) je ne suis qu'un grain de sable dans le désert (à ce sujet*). Cependant je reste une auditrice fidèle, intéressée par les divers thèmes traités dans l'émission et les prestigieux invités.
Cette semaine Les philosophes par eux-mêmes.
Aujourd'hui : Michel de Montaigne, les Essais.
"J'ose non seulement parler de moi, mais seulement parler de moi." (Montaigne).

Lundi : Jean-Paul Sartre, Les Mots (relu il y a quelques années... NCC ou CP? Mmm!). Une émission à réécouter pour les extraits lus, divinement, par Georges Claisse.

* Cet après-midi, l'ophtalmologiste m'a retiré un éclat de coquillage (il a même dit : un coquillage) incrusté sous ma paupière. Je lui expliquais que j'avais nettoyé des chaussures avec un appareil souffleur et que j'avais pris de la terre ou du gravier dans l’œil; c'était très douloureux. - Non, pas de terre me dit-il mais un coquillage! Vous aviez marché sur la plage me demanda-t-il. - Non. Mais peut-être bien dans le sable... d'un bunker, au golf! - C'est mieux que de prendre une balle dans l’œil me dit-il. - Ben oui, tout de même. - Je vais vous retourner la paupière me prévient-il. - Je m'inquiétais... mais ce fut fait de manière délicate et je n'ai rien senti (sensation bizarre), qu'un soulagement après que le "coquillage" fut enlevé; je l'avais depuis douze jours! Maintenant, je vais mettre des lunettes en nettoyant mes chaussures de golf ou... chercher un galant partenaire qui passerait le karcher-souffleur sous mes chaussures! Je lui renverrais l'ascenseur.


Moi Je - Dupont et Dupont

dimanche 15 janvier 2017

***

"Nul ami tel qu'un frère, nul ennemi comme un frère."
Proverbe indien

"L'idéal serait de pouvoir traverser la vie 
et de la finir sans réaliser qu'on est seul."

jeudi 12 janvier 2017

Vouloir et ne plus pouvoir

Et je reviens sur la lecture de cet ouvrage, que je prends, que je laisse, que je digère, que je reprends, depuis quelques années. Depuis 2009! 

Nouveaux extraits :
""Un homme, ça peut être détruit mais pas vaincu", dit le vieux pêcheur. [Le vieil homme et la mer]. Hemingway a essayé par cet apologue, d'ailleurs peu convaincant, de conjurer les obsessions qui le hantaient; il lui devenait difficile d'écrire, il ne pouvait plus maintenir l'image que pendant toute sa vie il avait tenu à donner de lui-même : exubérance vitale, virilité; il pensait au suicide et finit par se tuer d'un coup de fusil.
Sous des figures moins épiques, l'entêtement du vieux pêcheur se rencontre chez beaucoup de vieillards. De vieux sportifs continuent, certains jusqu'à 92 ans, à faire de l'athlétisme, du tennis, du football, du cyclisme. En général, ils n'ont derrière eux que de médiocres palmarès, mais, sans vouloir accomplir de grandes performances, ils gardent le souci de contrôler leur temps. Beaucoup fréquentent plus régulièrement le stade une fois qu'ils sont à la retraite qu'auparavant. A partir de 60 ans, la pratique du sport fait courir des risques aux deux tiers d'entre eux. Cependant ils n'éprouvent pas de gêne fonctionnelle. Le sport ne ralentit pas la sénescence des organes. Mais il contribue à leur bon fonctionnement. Moralement, l'obstination des vieux sportifs a quelque chose de tonique et l'entourage qui trop souvent tente de la décourager devrait la respecter. Trop réduire ses activités amène une diminution de toute la personne. C'est ce qu'ont bien compris les vieilles femmes de Bali qui continuent à porter sur leurs têtes de lourds fardeaux. L'homme âgé sait que dans ses défaillances physiques, l’œil impitoyable de son entourage trouve la preuve de cette déchéance généralisée qu'exprime le mot vieillesse. Il entend démontrer aux autres et à lui-même qu'il demeure un homme.

Le moral et le physique sont étroitement liés. Pour accomplir le travail qui réadapte au monde un organisme péjorativement modifié, il faut avoir gardé le goût de vivre. Réciproquement : une bonne santé favorise la survivance d'intérêts intellectuels et affectifs. La plupart du temps, le corps et l'esprit vont ensemble "vers leur croist ou leur discroit". Mais pas toujours. La belle santé de La Fontaine n'empêchait pas sa déchéance mentale; une grande intelligence subsiste parfois dans un corps détérioré. Ou les deux déclinent à des cadences différentes, l'esprit tentant de résister, mais débordé par l'involution organique, comme ce fut le cas chez Swift. Alors le vieillard éprouve tragiquement une sorte d'inadéquation avec lui-même. Alain disait qu'on ne veut que ce qui est possible : mais c'était d'un rationalisme trop simple. Le drame du vieillard, c'est bien souvent qu'il ne peut plus ce qu'il veut. Il conçoit, il projette et, au moment d'exécuter, son organisme se dérobe; la fatigue cesse ses élans; il cherche ses souvenirs à travers des brumes; sa pensée se détourne de l'objet qu'elle s'était fixé. La vieillesse est alors ressentie - même sans accident pathologique - comme une sorte de maladie mentale où l'on connaît l'angoisse de s'échapper à soi-même."
Pages 333 - 334
Simone de Beauvoir, in La Vieillesse, essai, éditions Gallimard, 1970.

Je me suis replongée dans cet ouvrage, hier, en fin d'après-midi, en rentrant - sous la pluie et le vent, avec tout de même un éclat de rire - d'une consultation qui ne me laissait rien présager de positif pour l'avenir. Malgré cela, j'étais bien décidée à continuer de jouer au golf, seule, ou pas, en marchant, à mon rythme, ou pas, en tirant sur mes mollets, en tirant mon chariot ou en portant mon sac en hiver; en me dopant aux antalgiques... seulement si nécessaire... jusqu'à ce que je m'écroule! "Tonnerre de Brest! Bande de bachi-bouzouk!" Hier donc, dans la salle d'attente, je lisais un article étonnant dans un vieux Télérama : une interview de Iggy Pop (il va avoir 70 ans en avril). Ma génération, oui, ouin! Et, coïncidence, la veille je venais de le voir dans un film de Jim Jarmush (j'y reviendrai). 



"Mon nouvel album ne parle que de ça : de l'âge. De ce qui se passe quand on se sent perdre sa force, avec cette impression d'aspirer l'énergie de l'autre sans rien pouvoir donner en retour." (Iggy Pop dans Télérama)

Et, surprise, en lisant l'article : j'apprends qu'il jouait au golf avec son père! Incroyable! Et, plus tard, je découvre qu' il n'est pas la seule star rock'n'roll à aimer jouer au golf!
Neil Young, Bob Dylan, Alice Copper (5 de handicap!)... Qui l'eut cru? Pas moi! Mais ce n'est pas la marche ni le port du sac qui les fatigue.



"Votre madeleine de Proust ?
Jouer au golf… Je le faisais régulièrement avec mon père. Et les œufs brouillés, car ma mère m’en préparait tous les matins. J’ai perdu mes parents, ils étaient formidables. Je n’aurais pas aimé être à leur place avec un fils comme moi !" (Iggy Pop, interview du Figaro)



***

On l'annonce violente en Normandie ce soir mais la tempête a aussi commencé cet après-midi en Bretagne!
J'ai vraiment failli m'envoler avec mon parapluie retourné, sous la pluie battante. J'avais l'air tellement idiote que le chauffeur du bus qui arrivait, s'est arrêté pour me laisser traverser, hors des clous (alors que je n'avais pas l'intention de traverser. Comique). Pôvre femme a-t-il dû se dire. Mais j'éclatais de rire. D'ailleurs, voyez ces Chinois comme ils ont l'air joyeux sous la tempête.

Images de Chine... que l'on aurait pu filmer à Quimper (sauf qu'on ne pouvait pas être en bras de chemise sous (ou accroché à) son parapluie! - vent glacial).



Photos : Reuters




Le 6 novembre 2015, un violent orage s’abat sur la ville de Yantai, dans la province chinoise de Shandong. Malgré son parapluie, cette jeune femme rentrera chez elle trempée jusqu’aux os. 
(Source : L'illustré, lien pour voir d'autres photos (en cliquant sur les images du site), étonnantes - sauf pour les Bretons habitués aux tempêtes!).
Dès que le vent souffle et que la pluie s'en mêle, comment ne pas penser à Bécassine avec son parapluie!
(Pour lire, clic sur image puis clic droit pour afficher l'image. Mais bon, Bécassine n'intéresse que les bécasses sous la pluie comme... votre dévouée).

mercredi 11 janvier 2017

Good bye...



"Yes, we did"





Have a good luck!
(I don't worry about you).








  

lundi 9 janvier 2017

Concarneau Galerie Gloux

Vendredi 6 janvier.

Temps glacial. Se bouger. Direction Concarneau. Déjeuner rapide dans un  joli restaurant sur le port.
Visite d'une galerie. Découvert une toile de Jean Deyrolle dans cette petite (qui s'est agrandie) Galerie Gloux (que je ne manquais jamais de visiter dans ma jeunesse lors de mes vacances bretonnes).






Jean Deyrolle (Biographie)

(Je trouve cette toile plus intéressante que celles vues récemment, de cet artiste, au Musée de Pont-Aven).

"L'invention majeure de Jean Deyrolle : l'oblique, qui autorise le mouvement au-delà de la placidité du support." (Jean-Claude Lahumière)
(Photo prise en toute discrétion, la personne qui accueillait les "visiteurs" ne semblait pas ouverte au dialogue que j'entamais avec elle; j'en ai conclu que prendre des photos ne serait pas opportun).
Quelques Gyotakus (empreintes de poissons).(Photo prise à toute vitesse, sans flash pendant que "l'hôtesse-galeriste" était au premier étage).



Je constate que Concarneau est une destination que j'affectionne après la Saint-Sylvestre ;-)... et que les Gyotakus du Musée de la Pêche étaient exceptionnels. 

jeudi 5 janvier 2017

***




Georges Prêtre (14 août 1924 - 4 janvier 2017)



Il m'enthousiasmait...

Malheureusement mes petites vidéos ne sont plus visibles par "Wat" et je ne les retrouve pas sur mon ordinateur.

Georges Prêtre est mort hier, à 92 ans

mercredi 4 janvier 2017

Hic!

Mais dis donc toi : je t'ai dit que la-fête-était-finie. Ah oui, tu as raison, j'ai dit : Que la fête commence! Bon, deux chapeaux, ça suffit maintenant.






Même pas cap de mettre une balle sur le tee en caoutchouc!
Pardon? Tu veux finir le champagne d'abord? 
Bon, OK, tu as été plus que raisonnable pendant les fêtes.

Allez, montre-moi si tu tiens en équilibre après les bulles, avec une balle!

Bravoooooooooooo!





(Photos réalisées sans trucage (*_*))

(Bulles consommées  avec modération)




 

lundi 2 janvier 2017

De, la lecture

Et si 2017 c'était ça!


Paul Gauguin, Aimons-nous les uns les autres
 
=0=0=0=0=

 
"Dans la lecture, l'amitié est soudain ramenée à sa pureté première. Avec les livres, pas d'amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c'est vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons qu'à regret. Et quand nous les avons quittés, aucune de ces pensées qui gâtent l'amitié : Qu'ont-ils pensé de nous? - N'avons-nous pas manqué de tact? - Avons-nous plu? - et la peur d'être oublié pour tel autre. Toutes ces agitations de l'amitié expirent au seuil de cette amitié pure et calme qu'est la lecture."
[...]
 "Et c'est là, en effet, un des grands et merveilleux caractères des beaux livres (et qui nous fait comprendre le rôle à la fois essentiel et limité que la lecture peut jouer dans notre vie spirituelle) que pour l'auteur ils pourraient s'appeler "Conclusions" et pour le lecteur "Incitations". Nous sentons très bien que notre sagesse commence où celle de l'auteur finit, et nous voudrions qu'il nous donnât des réponses, quand tout ce qu'il peut faire est de nous donner des désirs."
Marcel Proust, in Journées de lecture, éditions Fata Morgana, 2006.

Je me suis livrée, le jour de la Saint Sylvestre, hier, à mon petit exercice de lecture. Cette année, pas de mise en scène pour cet enregistrement, au pied levé, que j'aurai dû refaire; le trac n'aidant pas, je bafouille d'entrée avec le mot Marcel. Tant pis, je laisse ce premier jet. Extrait de l'ouvrage de Marcel Proust lu ce week-end de Saint-Sylvestre.


(Texte retranscrit ci-dessous)

"Les théories de William Morris, qui ont été si constamment appliquées par Maple et les décorateurs anglais, édictent qu'une chambre n'est belle qu'à la condition de contenir seulement des choses qui nous soient utiles et que toute chose utile, fût-ce un simple clou, soit non pas dissimulée, mais apparente. [...] A la juger d'après les principes de cette  esthétique, ma chambre n'était nullement belle, car elle était pleine de choses qui ne pouvaient servir à rien et qui dissimulaient pudiquement, jusqu'à en rendre l'usage extrêmement difficile, celles qui servaient à quelque chose. Mais c'est justement de ces choses qui n'étaient pas là pour ma commodité, mais semblaient y être venues pour leur plaisir, que ma chambre tirait pour moi sa beauté. [...] [...] [...] Je laisse les gens de goût orner leur demeure avec la reproduction de chefs-d’œuvre qu'ils admirent et décharger leur mémoire du soin de leur conserver une image précieuse en la confiant à un cadre de bois sculpté.  Je laisse les gens de goût faire de leur chambre l'image même de leur goût et la remplir seulement de choses qu'il puisse approuver. Pour moi, je ne me sens vivre et penser que dans une chambre où tout est la création et le langage de vies profondément différentes de la mienne, d'un goût opposé au mien, où je ne retrouve rien de ma pensée consciente, où mon imagination s'exalte en se sentant plongée au sein du non-moi : je ne me sens heureux qu'en mettant le pied - avenue de la Gare, sur le port ou place de l’Église - dans un de ces hôtels de province aux longs corridors froids où le vent du dehors lutte avec succès contre les efforts du calorifère, où la carte de géographie détaillée de l'arrondissement est encore le seul ornement des murs, où chaque bruit ne sert qu'à faire apparaître le silence en le déplaçant, où les chambres gardent un parfum de renfermé que le grand air vient laver, mais n'efface pas, et que les narines aspirent cent fois pour l'apporter à l'imagination, qui s'en enchante, qui le fait poser comme un modèle pour essayer de le recréer en elle avec tout ce qu'il contient de pensées et de souvenirs; où le soir, quand on ouvre la porte de sa chambre, on a le sentiment de violer toute la vie qui y est restée éparse, de la prendre hardiment par la main quand, la porte refermée, on entre plus avant, jusqu'à la table ou jusqu'à la fenêtre; de s'asseoir dans une sorte de libre promiscuité avec elle sur le canapé exécuté par le tapisser du chef-lieu dans ce qu'il croyait le goût de Paris; de toucher partout la nudité de cette vie dans le dessein de se troubler soi-même par sa propre familiarité, en posant ici et là ses affaires, en jouant le maître dans cette chambre pleine qu'aux bords de l'âme des autres et qui garde jusque dans la forme des chenêts et le dessin des rideaux l'empreinte de leur rêve, en marchant pieds nus sur son tapis inconnu; alors, cette vie secrète, on a le sentiment de l'enfermer avec soi quand on va, tout tremblant, tirer le verrou; de la pousser devant soi dans le lit et de coucher enfin avec elle dans les grands draps blancs qui vous montent par-dessus la figure, tandis que, tout près, l'église sonne pour toute la ville les heures d'insomnie des mourants et des amoureux."
 
Impossible de retrouver mes billets d'autres années avec mes lectures à voix haute. Les aurais-je supprimés... un jour de pudeur (*_*) et de lucidité? Pas impossible. 
En m'écoutant, je me dis que la lecture à voix haute est un art et si l'on ne possède pas ce talent, il est préférable de transcrire des extraits de livres plutôt que de les lire à haute voix. Il est probable que dans quelque temps je supprime cette voix, monotone. Je parle de livre délicieux, succulent; que de mièvres mots pour parler de ceux de Proust. C'est vrai, j'ai le trac, j'ai toujours été nulle à l'oral (et ce ne sont pas mes amoureux qui me contrediront!). Je n'allais tout de même pas me droguer pour lire ces quelques pages. Bigre, lisez-le livre et ne vous fiez pas à cette lecture qui ne donne absolument pas à entendre l'exaltation de Marcel Proust pour parler de ses souvenirs : de chambre, d'odeur, d'enfance, de lecture, de grand-tante, de cuisinière...

A propos des notes, auxquelles il faut absolument se reporter en cours de lecture de cet ouvrage, il écrit ceci : 

"J'ai essayé de montrer dans les notes dont j'ai accompagné ce volume que la lecture ne saurait être [ainsi] assimilée à une conversation, fût-ce avec le plus sage des hommes; que ce qui diffère essentiellement entre un livre et un ami, ce n'est pas leur plus ou moins grande sagesse, mais la manière dont on communique avec eux, la lecture, au rebours de la conversation, consistant pour chacun de nous à recevoir communication d'une autre pensée, mais tout en restant, c'est-à-dire en continuant à jouir de la puissance intellectuelle qu'on a dans la solitude et que la conversation dissipe immédiatement, en continuant à pouvoir être inspiré, à rester en plein travail fécond de l'esprit sur lui-même."

Lundi 2 janvier

La trêve des confiseurs est finie, youpi! Que la fête commence!